Afrique - De notables changement en Afrique australe - Des mesures et des indices favorables aux économies africaines
Depuis le mois d’août 1982, les relations de l’Angola et de l’Afrique du Sud, qui jusqu’alors se bornaient à faire alterner les opérations militaires et les offres de paix conditionnelles, ont changé tout à coup de ton, sans doute sous l’influence de la diplomatie américaine, ou, suivant certains commentateurs, à la suite de l’offensive de paix concertée par Washington et Pretoria, offensive dont Luanda, confronté à une situation politique et économique de plus en plus difficile, serait obligé de tenir compte.
La dernière des grandes incursions de l’Armée sud-africaine en territoire angolais s’est déroulée en août 1982. Prenant pour prétexte des préparatifs qu’auraient effectués conjointement l’armée régulière angolaise et les forces de la SWAPO (South West Africa People’s Organization), c’est-à-dire la PLAN (Armée de libération du peuple namibien), pour tenter de reprendre les villes de Xangongo et de Ondjiva, positions stratégiques occupées par les Sud-africains depuis août 1981, le général Charles Lloyd, nouveau commandant en chef de l’Armée sud-africaine de Namibie, a lancé ses troupes à plus de 200 km au Nord de la frontière namibienne. Ce raid a été accompagné par des bombardements d’objectifs situés à quelque 300 km de cette frontière, s’attaquant, par conséquent, à la province de Huila. L’opération a coïncidé avec le troisième voyage à Luanda d’un haut-fonctionnaire du département d’État ; elle aurait permis, selon Windhoek, de détruire deux quartiers généraux et un poste de commandement de la SWAPO, succès difficilement mesurable si l’on considère que le but essentiel de l’opération paraissait être de faire étalage de l’efficacité de l’emploi de la force, afin de modifier éventuellement le déroulement de l’action diplomatique d’un partenaire dont on attendait beaucoup. En effet, depuis l’élection du président Reagan le 4 novembre 1981, Washington mène en Afrique une politique visant un double résultat : éviter que l’URSS ne consolide ses positions par l’installation, à la place de régimes contestés, de gouvernements qui lui seraient alliés ; s’efforcer de rapprocher du camp occidental des pays favorables au bloc socialiste en profitant des difficultés économiques que ces pays rencontrent et auxquelles l’URSS n’est pas capable de porter remède. Dans ce dernier cas, les Américains ne cherchent pas à remplacer les gouvernements en place mais à contraindre ceux-ci de se débarrasser d’une protection étrangère directe : par conséquent, ils cherchent à les inciter à composer avec les oppositions modérées. En Angola, cela signifierait que le MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola) devrait se rapprocher de l’UNITA (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola) après avoir demandé au gouvernement cubain de retirer ses troupes qui actuellement contribuent à assurer sa souveraineté sur le pays. C’est pourquoi les diplomates américains conditionnent l’évacuation de la Namibie par l’Armée sud-africaine au départ des forces cubaines d’Angola, bien que ces deux occupations étrangères ne soient pas de même nature. Pretoria, de son côté, exige davantage et met une insistance suspecte à subordonner un règlement du problème namibien (par une négociation avec la SWAPO) à l’abandon, par les forces « marxistes » que représentent à leurs yeux les Cubains, de tout soutien envers un gouvernement qui contribuerait à maintenir la SWAPO dans une idéologie dont les Sud-africains ont des raisons de craindre l’expansion. Le gouvernement angolais, au début de cette campagne de paix, ne paraissait pas en mesure de donner satisfaction aux demandes américaines.
Toutefois, en octobre 1982, Luanda a fait savoir que Cuba et l’Angola fixeraient un programme de retrait graduel des forces cubaines (30 000 soldats cubains en Angola selon Washington) si Pretoria cessait d’intervenir en Angola, s’il mettait un terme à « toute aide militaire, logistique, aérienne et terrestre » à l’UNITA, s’il acceptait de signer un cessez-le-feu en Namibie et d’en retirer ses troupes pour faire place à des « casques bleus » conformément aux décisions de l’ONU. Le gouvernement sud-africain a paru se montrer réservé à cet égard mais on a appris, en décembre 1982, que les Angolais et les Sud-africains avaient engagé des négociations à Praia, capitale du Cap-Vert, État qui, malgré les options idéologiques de son gouvernement, maintien des relations d’intérêt avec Pretoria depuis son indépendance. M. Pieter W. Botha poursuit un objectif qui n’est pas nouveau s’il n’est toujours pas avoué : il consiste à faire comprendre aux dirigeants angolais que la SWAPO est un mouvement d’unification des Ovambos dont l’esprit expansionniste peut être aussi préjudiciable à l’équilibre des provinces méridionales de l’Angola qu’à celui de la Namibie tout entière. Selon Pretoria, les opérations menées par l’armée sud-africaine en territoire angolais étaient destinées à se débarrasser des camps où les terroristes de la SWAPO étaient entraînés par des étrangers que ne contrôlaient pas les autorités angolaises ; elles visaient donc à permettre à ces dernières de rétablir leur influence sur la zone frontalière, afin d’être en mesure d’adopter des décisions qui pourront être appliquées par la SWAPO. Elles se présentaient donc comme un prélude indispensable à une négociation devant se montrer d’autant plus efficace qu’elle réunirait les autorités responsables d’un État véritable.
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