On ne peut bien comprendre l'évolution parallèle des rapports américano-soviétiques et américano-européens si l'on ne se réfère à la doctrine McNamara qui marqua la politique des États-Unis dans les années 1960. Les Européens en ont surtout retenu ce qui les touchait le plus : la volonté américaine de minimiser les risques d'une escalade fatale et de s'opposer à la création de forces nucléaires européennes nationales indépendantes jugées dangereuses. En fait, il n'y eut pas « une » doctrine McNamara mais, à mesure que les États-Unis voyaient décroître leur suprématie nucléaire, une série de visées évoluant de la « stratégie contre-force » à la « limitation des dommages », puis à la « destruction assurée ». L'auteur retrace cette évolution qui aboutit finalement à une doctrine bien proche, selon lui, de celle de la « dissuasion minimale » initialement rejetée par McNamara.
L'auteur, dont le texte a été traduit de l'anglais, est chargé de cours de « Relations internationales » au département « Politique » de l'Université d'Aberdeen.