Afrique - L'Angola sans la Namibie - Le Cameroun sous un ciel peu serein
Depuis quelques mois, la presse, en général, ne présente plus l’Angola qu’en fonction du rôle que cet État pourrait éventuellement jouer dans le règlement du problème namibien. On en arrive même à prétendre que le rapprochement de Luanda (capitale de l’Angola) avec les capitales européennes et Washington dépendrait, pour une large part, de la forme de gouvernement qui pourrait être installé à Windhoek (capitale de la Namibie) avec le consentement de Pretoria (capitale de l’Afrique du Sud). Ainsi, sans le vouloir, est-on tombé insensiblement dans le piège tendu par l’argumentation sud-africaine, à savoir que l’indépendance du futur gouvernement namibien n’est pas menacée par l’occupation de l’Afrique du Sud mais par la seule présence de forces étrangères à l’Afrique en Angola ; l’Afrique du Sud, au contraire, serait la seule capable, selon Pretoria, de garantir que le pouvoir en Namibie ne serait pas une parodie de démocratie. Nous voudrions analyser la situation angolaise pour découvrir si l’osmose, qui existe entre tous les États africains, prend, dans le cas de l’Angola et de ses voisins, Congo (Congo-Brazzaville), Zaïre (ex Congo-Kinshasa), Namibie et Zambie, une importance telle qu’elle implique que soient posés des préalables à un rapprochement de ce pays avec l’Occident.
Afin de mieux comprendre la situation actuelle de cette ancienne possession portugaise, il convient de rappeler dans quelles conditions elle a accédé à l’indépendance, le 11 novembre 1975. Lisbonne, bouleversé par la « Révolution des œillets » (1974), avait auparavant libéré la Guinée-Bissau, dont le général Spinola, président de la République portugaise en 1974, avait été le maître pendant plusieurs années, et le Mozambique sans grande protestation de la part de Pretoria dont la partie la plus sensible était pourtant rendue plus vulnérable, l’abandon de ce territoire par le Portugal impliquant à terme la fin de la domination blanche sur la Rhodésie ; l’Afrique du Sud se trouverait ainsi bordée à l’Est et au Nord-Est par deux États qu’a priori, elle pouvait considérer comme devant lui être hostiles. En revanche, la perspective d’une indépendance de l’Angola préoccupait le gouvernement sud-africain à un point tel qu’il eut plus d’une velléité d’intervention pour y faire obstacle. On ne peut expliquer son intrusion, montée à la hâte, opération qui contribua à justifier l’arrivée des forces cubaines, que par un souci de protection de la Namibie où la présence de l’administration sud-africaine pouvait paraître moins légitime qu’ailleurs et où elle était déjà contestée par une rébellion armée. Par ailleurs, la situation politique de l’Angola, beaucoup plus complexe que celle du Mozambique, offrait aux intrigues étrangères de nombreuses occasions d’exercice.
En premier lieu, sur une population totale de presque 6 millions d’habitants, concentrés dans les zones urbaines et près des exploitations européennes, l’Angola comptait environ 600 000 blancs dont plusieurs familles jouaient un rôle prédominant depuis plusieurs siècles dans la vie sociale et économique de la colonie et qui avaient manifesté, dans le passé, à plusieurs reprises, une volonté de sécession. On ne pouvait guère envisager alors que cette puissante minorité, qui représentait presque le dixième de la population métropolitaine, pût être contrainte à chercher refuge au Portugal.
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