Défense en France - Les implications du guidage terminal pour le champ de bataille de l'an 2000
C’est l’évolution des armements qui entraîne celle des doctrines militaires et non l’inverse. À certaines époques le rythme de cette évolution s’accélère et les novations technologiques introduisent alors dans l’art militaire des changements tels qu’on se trouve en face de véritables mutations. Ce fut le cas avec l’invention des armes à feu au Moyen-Âge, avec l’apparition, à l’ère moderne, du sous-marin et de l’avion, puis celui des blindés et enfin, il y a 40 ans, le développement quasi simultané de l’arme nucléaire et des missiles. À l’occasion de ces percées technologiques, celui des adversaires qui a perçu le premier tout le parti qu’il pouvait en tirer pour la guerre s’est assuré un avantage décisif.
Un phénomène de ce genre ne serait-il pas en train de se produire alors que les armes guidées enregistrent des progrès spectaculaires, rendus possibles par la microélectronique ? Quels traits ces nouvelles « armes intelligentes » vont-elles imprimer au champ de bataille de l’an 2000 ? Essayons de réfléchir à cette question sans prétendre énoncer de réponse péremptoire.
Les mutations récentes
Il est superflu de faire un historique du développement des armes guidées. Il suffit de constater le foisonnement qu’elles ont connu depuis l’apparition en 1943 de la première bombe planante radioguidée lancée par la Luftwaffe contre le torpilleur Le Fortuné dans le port d’Ajaccio. Dans les 30 ans qui ont suivi, on a assisté à un pullulement de missiles guidés antichars, sol-air, air-sol et air-air, aussi bien dans les armées du Pacte de Varsovie que dans celles de l’Alliance atlantique. Depuis une dizaine d’années, les techniques de guidage progressent considérablement. La guerre du Vietnam (1955-1975) a joué à cet égard un rôle puissant d’incitateur. Au guidage par fil ont succédé celui par infrarouge, puis celui par laser. Mais toutes ces techniques supposent une visée initiale de l’objectif ou une illumination par laser qui implique une approche de l’objectif jusqu’à ce qu’il soit à vue directe plus ou moins lointaine.
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