Armée de terre - L'Armée de terre indonésienne
Le général Imbot, Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), a effectué une visite officielle en Indonésie du 7 au 14 mai 1984. Il a été reçu par le général Murdani, commandant en chef des forces armées, par le général Rudini, Cémat, et par les généraux commandant respectivement la zone de défense n° 2, les 6e, 7e et 16e régions militaires. Il a également visité l’Académie militaire de Magelang, le Centre de la cavalerie et les usines aéronautiques Nurtanio à Bandung.
Organisation
Le président de la République indonésienne est le chef des Armées. Il est assisté par le ministre coordinateur des Affaires politiques et de la Sécurité – qui contrôle les ministères de la Défense et de la Sécurité, des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Justice, et de l’Information – par le ministre de la Défense et par le commandant en chef des forces armées. Ce dernier est responsable de l’organisation, de la préparation et de l’emploi des forces. Il a pleine autorité sur les états-majors respectifs des Armées de terre, de mer, de l’air et de la Police, sur les 4 zones de défense et sur les deux grands commandements que sont le commandement national stratégique d’une part et le commandement de la défense aérienne d’autre part. Les organismes de formations interarmées tels que l’Académie militaire, l’École d’état-major et de commandement, ainsi que l’Institut de défense nationale lui sont également rattachés.
L’Armée de terre comprend 2 commandements opérationnels et des formations territoriales.
Le commandement des réserves stratégiques dispose d’un groupement parachutiste, de deux brigades d’infanterie, d’une brigade de cavalerie, de l’équivalent d’une brigade d’artillerie et de formations des services. Soit un total de près de 20 000 hommes. Pour leur emploi, certaines de ces formations relèvent du commandement national stratégique, d’autres constituent les réserves au niveau des zones de défense. L’autre commandement opérationnel, celui des Forces spéciales, a sous ses ordres 4 groupes de Forces spéciales, d’un effectif total de l’ordre de 5 000 hommes. Trois de ces groupes sont basés à Java.
S’agissant de l’organisation territoriale, l’Indonésie est divisée en 4 zones de défense, elles-mêmes partagées en régions militaires. Ces régions ont été définies de façon à réaliser, au niveau de chacune d’elles, l’unité ethnique. Le commandant de région est responsable de l’instruction de tous les personnels et maintient les unités opérationnelles à la disposition du commandant de la zone de défense dont il relève. Le découpage territorial s’étend jusqu’à la cellule de quartier en passant par la subdivision régionale, la circonscription et la cellule villageoise. La responsabilité de ces différents échelons est confiée à des officiers supérieurs jusqu’au niveau circonscription, à des officiers subalternes pour la cellule villageoise et à des sous-officiers supérieurs pour la cellule de quartier.
Personnel
L’Armée de terre indonésienne compte un peu plus de 200 000 hommes, tous recrutés sur volontariat à l’exception de certains spécialistes tels que, par exemple, les médecins. Les réserves sont constituées par les militaires en retraite, qui peuvent être rappelés au service actif jusqu’à l’âge de 60 ans et par les régiments d’étudiants encadrés par des officiers d’active. La défense civile, dépendant du ministre de l’Intérieur, est confiée à des volontaires.
La formation des militaires du rang et d’une partie des sous-officiers est assurée par les centres d’instruction régionaux. Celle de spécialistes, de certaines catégories de sous-officiers et d’officiers est dispensée dans les « centres d’armes ». La formation des officiers a lieu à « l’École de formation des officiers », pour les anciens sous-officiers, et à l’Académie militaire, section « terre », pour les officiers de recrutement direct.
Matériel
Les matériels proviennent d’origines très variées, reflets des différentes étapes de la coopération de l’Indonésie avec l’étranger en matière d’armements terrestres. D’abord – et jusqu’au milieu des années 1950 – ce fut principalement avec les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et les États-Unis. Ensuite, jusqu’au milieu des années 1960 – moment de la tentative manquée de coup d’État communiste – ce fut avec l’URSS et ses satellites. Depuis, c’est à nouveau avec les nations occidentales. Tous ces matériels coexistent, ce qui complique les opérations de maintien en état et de réparation. L’équipement des transmissions est d’origine américaine ou britannique. Les véhicules blindés sont très divers : chars AMX-13 (France et Pays-Bas), Stuart M5 (États-Unis) et PT-76 (URSS) ; blindés à roues Saracen, Saladin et Ferret (Grande-Bretagne), BTR ou blindé de transport et BRDM ou véhicule de reconnaissance blindé (URSS), Cadillac Gage V.150 (États-Unis). L’artillerie est équipée de canons soviétiques, yougoslaves, britanniques, allemands et suédois.
Les programmes d’équipement des Armées et de la Police sont définis par des plans pluriannuels, dits stratégiques, eux-mêmes inclus dans le cadre plus général de plans quinquennaux de développement. Le 2nd plan stratégique est arrivé à son terme en 1984. Il prévoyait notamment, pour l’Armée de terre, la remise à hauteur d’une partie du parc blindé, l’acquisition d’un nouveau lance-roquettes antichars et l’amélioration du soutien logistique des forces. Pour l’année fiscale 1983-1984, le budget de la Défense représente un peu moins de 12 % du budget général. Il privilégie l’amélioration des matériels en dotation au détriment de l’acquisition de matériels nouveaux, à l’exception toutefois de chars pour la cavalerie, d’obusiers pour l’artillerie et de matériels de franchissement pour le génie. Le développement d’une industrie nationale d’armement était aussi l’un des objectifs du 2nd plan stratégique. L’arsenal de Bandung assure déjà la production de munitions de petit calibre et les usines aéronautiques Nurtanio, également à Bandung, font l’assemblage d’avions de transport et d’hélicoptères, en particulier de Sud-Aviation Puma.
Coopération militaire
Dans le domaine de la coopération militaire, l’Indonésie entretient un large éventail de relations. D’abord avec les autres pays de l’ASEAN (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est), surtout en ce qui concerne la surveillance des frontières terrestres et celle des détroits. Des exercices ont lieu en commun et les écoles militaires indonésiennes forment des stagiaires en provenance de la plupart des pays de l’Association. La coopération avec les États-Unis et l’Australie s’effectue sous la forme d’acquisition de matériels militaires et de formation de stagiaires indonésiens.
Les autres pays occidentaux concernés, en matière d’armements terrestres, sont surtout les Pays-Bas, la République fédérale d’Allemagne et la France. Des chars AMX-13 ont notamment été acquis par l’Armée de terre indonésienne auprès de la France et des Pays-Bas. Des véhicules français AMX-10 ont également été acquis par l’Indonésie pour équiper l’infanterie de marine ; d’autres contrats ont porté sur de l’armement antichar et sur des matériels de transmissions.
Doctrine
Située au carrefour de routes maritimes traditionnellement fréquentées, l’Indonésie est un immense archipel de près de 3 000 îles ouvert à des influences multiples. Sa sécurité est fondée sur une doctrine de défense populaire totale où l’armée représente la première ligne de défense et constitue le noyau de la défense populaire. L’Armée de terre joue un rôle essentiel car elle est présente dans tous les aspects de la vie nationale. ♦