Défense en France - Pas d'Europe libre sans Européens dans l'Espace
L’Espace, théâtre ou enjeu ?
Simple milieu jusqu’en 1957, l’Espace est devenu théâtre en se peuplant de satellites. Il est devenu un enjeu avec le développement des armes spatiales (1). S’il revenait parmi nous, Halford J. McKinder, le père de la géopolitique, accorderait certainement à cette nouvelle dimension de la maîtrise du monde une importance qu’il ne pouvait soupçonner au début de ce siècle. On se rappelle ses 3 propositions fameuses : « Qui règne sur l’Europe orientale règne sur la terre centrale (le Heartland). Qui règne sur la terre centrale règne sur l’Île mondiale (le continent euro-afro-asiatique). Qui règne sur l’Île mondiale règne sur le monde ». Mais qui peut régner aujourd’hui sur l’Île mondiale s’il ne maîtrise pas d’abord l’espace qui l’englobe ?
L’idée n’est pas nouvelle ; sans doute même était-elle en germe dans les cerveaux soviétiques lors du lancement du Spoutnik (4 octobre 1957). Mais elle a fait son chemin depuis un quart de siècle et une série d’événements récents l’ont mise au premier plan de l’actualité. Il y a eu d’abord, le 23 mars 1983, l’annonce par le président Reagan d’un vaste programme destiné à « contrer à l’aide de mesures défensives la terrible menace que représentent les missiles balistiques soviétiques » et le président des États-Unis ainsi que diverses personnalités américaines ont clairement désigné comme pièce maîtresse de ce programme des armes pouvant être déployées dans l’Espace et capables d’atteindre les missiles balistiques dans les diverses phases de leur trajectoire (2). Comme pour ponctuer ce discours, dans lequel les médias ont voulu voir une déclaration de « guerre des étoiles », les Américains ont réussi, le 10 juin 1984, un exploit témoignant de leur capacité en matière d’interception extra-atmosphérique : un missile lancé du milieu du Pacifique est venu détruire un Minuteman (Missile balistique intercontinental – ICBM) parti quelques minutes plus tôt de la base de Vandenberg en Californie.
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