Afrique - Les États de la vallée du Nil en 1984 - Sahara occidental et Tchad : deux succès dans la guerre du désert
Les États de la vallée du Nil en 1984
L’Égypte et le Soudan sont les deux États qui ont vécu, dans le passé, de la fécondité du Nil, l’Ouganda et l’Éthiopie étant, pour ainsi dire, les châteaux d’eau de ces pays voisins et les montagnes abyssines fournissant, aux dépens de leurs terres, le limon fertilisant. La nature a donc voulu que ces 4 pays fussent interdépendants ; l’histoire les a divisés en raison d’une autre particularité de la région : 3 d’entre eux, en effet, participent à l’équilibre des pays riverains de la mer Rouge, mer que le monde arabe considère comme sa « Méditerranée », par conséquent comme le secteur où doit s’établir l’équilibre de ses diverses tendances. Parmi ces 3 pays, deux sont des Nations dont la population est en majorité musulmane ; l’Éthiopie, en revanche, se pare d’une tradition chrétienne avec laquelle son nouveau régime sera obligé de composer pendant longtemps encore.
La percée du canal de Suez eut pour conséquence de faire, de cette voie d’échanges régionaux tant économiques que culturels, une zone de transit du commerce international ; elle devint ainsi l’objet de l’attention plus soutenue des grandes puissances industrielles. Après la décomposition de l’empire turc, la Grande-Bretagne en contrôla politiquement le débouché sur la mer Méditerranée mais dut partager la surveillance du détroit ouvrant, au Sud, sur l’océan Indien (Bab-el-Mandeb) avec la France et l’Italie. Après la Seconde Guerre mondiale, la dislocation des empires européens, l’ascension des superpuissances au cœur d’un monde spirituellement et idéologiquement divisé, le développement de la production pétrolière dans les pays voisins du golfe arabo-persique, la décolonisation économique prônée par les dirigeants égyptiens comme garant essentiel des indépendances nationales, ainsi que les différentes poussées de fièvre du conflit israélo-arabe firent de la route qui dispensait l’énergie aux pays occidentaux l’objet de pressions de toutes sortes ; elle devint ainsi une des régions les moins stables du globe. Pays arabes « progressistes » et « modérés » s’en disputèrent les rives, l’Arabie Saoudite protégeant le Soudan et le Yémen du Nord contre l’« impérialisme égyptien », l’Égypte, à travers le Yémen du Sud (Aden), s’efforçant d’arracher l’Érythrée musulmane à l’Éthiopie chrétienne, laquelle recevait l’assistance du seul État non-musulman, riverain de la mer Rouge, à savoir Israël.
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