Armée de terre - Le point sur la réorganisation de l'Armée de terre - Le canon de 155 tracté
Le point sur la réorganisation de l’Armée de terre
Une chronique précédente présentait les raisons qui avaient motivé la réorganisation de l’armée de terre et les grandes options retenues pour mener à bien les modifications des structures. Il s’agissait rappelons-le, de constituer une Armée de terre dont les forces seraient essentiellement constituées de la manière suivante :
a) une grande unité nucléaire tactique (Hadès), dont la réalisation sera postérieure à 1990 ;
b) une force d’action rapide (FAR) qui étend les limites du champ de bataille éventuel et confère à l’intervention la souplesse et la rapidité dont elle manquait ; elle peut intervenir en tout ou partie dans les « 3 cercles » que constituent le territoire national, l’Europe, les zones hors d’Europe ; elle permettrait, notamment en cas de crise en Europe, et si le gouvernement le décidait, de réagir très rapidement ; la FAR est constituée :
– d’un commandement de la FAR,
– d’une division aéromobile,
– d’une division légère blindée (6e DLB),
– d’une division parachutiste (11e DP),
– d’une division d’infanterie de marine (9e DIMa).
– d’une division de montagne (27e DA) ;
c) d’un corps blindé mécanisé, qui a vocation d’emploi sur le théâtre européen, soit dans le cadre de l’Alliance, soit en couverture des frontières dans une manœuvre nationale ; il est constitué par :
– l’état-major de la 1re Armée et les éléments organiques d’armée,
– les états-majors de trois corps d’armée et les éléments organiques de corps d’armée,
– six divisions blindées,
– deux divisions d’infanterie,
– deux divisions légères blindées issues des écoles ;
d) les forces du territoire, mises sur pied pour la plus grande part en mobilisation ; elles sont chargées :
– de la protection des points sensibles militaires,
– de l’intervention sur le territoire national (divisions militaires territoriales ou régions militaires) ;
e) les forces de présence outre-mer constituées par :
– des forces permanentes déployées dans les Dom et les Tom.
– des forces stationnées avec l’accord des gouvernements locaux,
– des missions d’assistance militaire.
Cette organisation d’ensemble ayant été approuvée par le ministre de la Défense, un double compte à rebours a débuté pour l’Armée de terre, d’une part celui permettant de planifier les différents trains de mesures à mettre en œuvre pendant la période 1984-1988 et d’autre part celui afférent aux réalisations de l’année 1984.
L’effort de réorganisation de l’Armée de terre s’est porté sur les premières années de la loi de programmation. Aussi la plupart des transferts, dissolutions, transformations et créations ont-ils été inscrits au calendrier des mesures réalisées durant l’été 1984. Leur préparation a donné lieu à de très nombreux contacts ou réunions de travail regroupant des représentants de l’administration centrale et des grands commandements afin d’ajuster les modalités d’exécution de ces opérations et de préciser leurs dates d’entrée en vigueur. Dans le souci d’atténuer les perturbations inhérentes à une réorganisation de cette ampleur, la direction du personnel s’est efforcée de maintenir dans chaque unité transformée un pourcentage significatif des personnels qui la composaient.
Les principales mesures réalisées en 1984 ont consisté en :
– la dissolution de 4 grandes unités (6e DB à Strasbourg, 12e DI à Rouen, 14e DI à Lyon, 31e Brigade à Aubagne). De 15 régiments et de 3 centres mobilisateurs,
– le transfert de 17 formations,
– la transformation de 5 états-majors et de 70 formations réorganisées en fonction de l’arrivée et de la mise en place des matériels nouveaux ou de leur alignement sur des structures nouvelles,
– la création de 3 états-majors (EM de la force d’action rapide et EM de la brigade logistique de la FAR à Maisons-Laffite, EM de la 6e Division légère blindée à Nîmes et celle de 12 formations dont la 12e DLB à Saumur et la 14e DLB à Montpellier.
La réduction des effectifs qui passent de 314 00 hommes à 292 000 doit être échelonnée sur l’ensemble de la période 1984-1988. Elle comporte toutefois un effort particulier sur 1984 et 1985. Ainsi au 1er septembre 1984 les effectifs avoisinaient le volume de 305 000 hommes.
Le reliquat des principales mesures sera mis en œuvre en 1985. Ainsi la 4e division aéromobile, créée à Nancy remplacera la 4e DB dissoute ; le 521e Régiment du train (Bitburg, FFA – Forces françaises en Allemagne) et le 514e Régiment de transmissions de Nancy seront dissous ; un nombre important de formations du matériel sera transformé à l’occasion de la création, au sein de cette arme, de structures régimentaires. Les forces du territoire seront également réorganisées à partir de 1985.
Le canon de 155 tracté
La réalisation du canon français de 155 TR s’inscrit dans l’effort global de rénovation de l’artillerie française. Ce nouveau matériel d’artillerie est destiné à équiper les régiments d’artillerie des divisions d’infanterie, de la force d’action rapide et des divisions légères blindées.
Chaque régiment d’artillerie de ces grandes unités se composera de 4 batteries à 6 pièces (3 batteries seulement dans les régiments d’artillerie des 12e et 14e DLB). Six matériels sont déjà en place au 11e Rama (Régiment d’artillerie de Marine) chargé de l’expérimentation tactique.
Produit par le Groupement des industriels de l’armement terrestre (GIAT). Le 155 TR a une portée voisine de 24 km avec la munition normale et atteindra environ 28 km avec la munition à réduction de traînée de culot.
Couplée au véhicule tracteur TRM 10 000 pour ses déplacements, la pièce est équipée d’un moteur auxiliaire la rendant automouvante sur courtes distances (3 km/h) et facilitant les mises en batterie, les sorties de batterie ainsi que les opérations de chargement. Sa cadence de tir est de 6 coups en une minute, les 3 premiers en 15 secondes. Le véhicule tracteur, permettant le transport de l’équipe de pièce (1 sous-officier, 7 canonniers) et des munitions, est équipé d’un bras de manutention.
Les régiments d’artillerie de 155 TR seront équipés du système de transmissions automatiques de données Atila ou du calculateur de batterie Cadet.