Afrique - Organisation de l'unité africaine (OUA) : la lassitude des États noirs - Au Tchad : la guerre des nerfs
Le gouvernement algérien a-t-il su profiter de la création de l’union « arabo-africaine », consacrée par la signature du Traité d’Oujda (août 1984), pour obtenir une revanche diplomatique en faisant admettre au « Sommet » de l’OUA (novembre 1984), comme membre de plein droit, la RASD (République arabe sahraouie démocratique) ? Ou bien, le Maroc, avec habileté, a-t-il conseillé à ses amis de renoncer à bloquer les travaux de l’Organisation, en restant opposés à cette admission, afin d’avoir le prétexte de quitter lui-même l’OUA et de pouvoir ainsi exploiter, sans retenue internationale, l’avantage qu’il pense avoir acquis sur le terrain ?
Le problème soulevé par la dernière réunion de l’OUA se résumerait-il à ces 2 interrogations qu’il serait déjà difficile à résoudre. Mais il apparaît encore plus complexe si l’on tente d’analyser les raisons qui ont poussé les États « modérés », soutiens des thèses marocaines lors des précédentes conférences, à paraître se désolidariser de Rabat et à accepter qu’un « pouvoir sans terre », dont ils hésitent encore à reconnaître la légitimité, puisse siéger, à leur côté, dans une assemblée d’États souverains.
Certains ne manqueront pas d’interpréter cette contradiction comme une nouvelle preuve de l’inconséquence de gouvernements, incapables d’assumer les obligations de leurs amitiés. D’autres y verront la confirmation que les problèmes du monde arabe, notamment ceux du Maghreb, n’intéressent plus les pays situés au Sud du Sahara. Ces pays considéreraient de plus en plus que ces querelles, en les divisant artificiellement, les empêcheraient de débattre de leurs propres affaires. En particulier, ils estimeraient que la pauvreté relative du Nord du continent comprend mal les besoins de la pauvreté excessive que connaît la plupart des pays sud-sahariens et les accommodements que cette indigence impose. La division entre « modérés » et « progressistes » n’existerait bien souvent, selon eux, qu’en fonction des positions prises à l’égard de problèmes qui ne touchent pas directement les États noirs du continent. En revanche, cette division peu naturelle compliquerait les relations entre les États, accentuerait les méfiances réciproques et disperserait les efforts que l’on doit accomplir pour laver le continent des séquelles de la dépendance et de l’extrême sous-développement. Si cette dernière hypothèse est exacte, les décisions prises par le dernier « sommet » de l’OUA ne sauraient être considérées ni comme une victoire de l’Algérie, ni comme un succès indirect du Maroc.
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