La défense armée soulève aujourd’hui des problèmes, en particulier dans certains milieux chrétiens. Sur ces problèmes, l’évêque, aumônier des Armées, est interpellé à la fois par des chrétiens civils et par des chrétiens militaires. Ceux-ci ont le sentiment d’être incompris et parfois rejetés par ceux-là, comme si la condition militaire était devenue quelque peu incompatible avec la foi chrétienne. Les uns et les autres attendent une parole qui soit libératrice ou tout au moins éclairante.
L’évolution des moyens actuels de la défense armée rend insuffisante la pensée traditionnelle des chrétiens sur les problèmes de la guerre. Une réflexion nouvelle s’impose à partir des données de la foi certes, explicitée récemment par le dernier Concile, mais aussi à partir de la foi expérimentale vécue par des chrétiens engagés dans le métier militaire, au niveau des compétences et des responsabilités.
C’est pourquoi depuis deux ans, parallèlement à un comité théologique que j’ai réuni autour de moi, j’ai demandé à une équipe d’officiers chrétiens d’aborder ces problèmes, à seule fin de nous fournir, à moi-même d’abord, à mes confrères aumôniers militaires, aux laïcs chrétiens du Vicariat aux Armées et à tous ceux qui te désirent, militaires et civils, des éléments de recherche de nature à faire progresser notre réflexion.
Deux étapes ont marqué le déroulement du travail :
– l’année dernière, ce fut la Lettre des officiers de cette équipe aux évêques de France.
– cette année, c’est un document plus élaboré qu’ils m’ont remis et qui vous est présenté aujourd’hui dans la RDN.
Je tiens à remercier la direction de la revue de bien vouloir l’accueillir et l’équipe des rédacteurs de nous donner la synthèse de leur recherche au point où elle en est arrivée aujourd’hui.
C’est dire que ce document n’est pas une déclaration officielle ni un corps de doctrine achevé et indiscutable. « Réflexions sur la défense », tel en est le titre ; il en donne bien le sens et l’esprit. C’est une étape dans un travail à poursuivre, une proposition pour la réflexion, une base de dialogue. Il se veut modeste et reconnaît ses limites. Tel quel cependant, il demeure le résultat d’un travail, conduit avec honnêteté et sans complexe.
C’est une contribution de valeur apportée par des chrétiens à un problème d’actualité qui nous concerne tous.
Gabriel Vanel,
Évêque, aumônier catholique des Armées.