The Military Balance 1984-1985
L’Institut international d’études stratégiques (IISS) a publié en octobre 1984 son ouvrage annuel qui est l’inventaire des forces armées dans les différents pays du monde. Comme d’habitude, cet ouvrage est fort intéressant. L’on y voit qu’en 1984, les superpuissances ont marqué une pause dans le développement de leurs arsenaux nucléaires.
Chez les Américains, le Titan est retiré du service avant que ne sorte le MX. Le nombre des missiles soviétiques semble plafonner, mais les améliorations qualitatives se poursuivent. Pour les forces classiques, on voit les Américains continuer à améliorer la souplesse d’emploi de leurs moyens. Les Soviétiques procèdent à une complète réorganisation en créant 3 théâtres principaux et une réserve centrale, le théâtre occidental étant lui-même divisé en 3 « théâtres d’opérations militaires » (TVD) chacun composé de plusieurs fronts. Les armées aériennes de l’Union soviétique sont également en pleine réorganisation mais certaines incohérences entre le texte rédigé et le détail des forces ne permet pas d’y voir très clair. Il semble cependant apparaître que la défense aérienne est la seule responsabilité de la Voyska PVO (Force de défense antiaérienne) qui a pris les fonctions de l’ancienne PVO Strany et certaines attributions de l’aviation de front, les activités aériennes étant coordonnées à l’échelon Théâtre et conduites à l’échelon TVD.
Ces différentes réorganisations rendent difficile d’évaluer avec précision les variations d’effectifs que l’on constate dans les forces armées soviétiques. De plus, comme en 1982, le total des forces armées de l’URSS inclut 1 million et demi de personnels « de commandement et de soutien général » que l’on ne retrouve, ni dans les différentes années, ni dans les forces paramilitaires. Si on fait le total des hommes en uniforme, en y ajoutant les 150 000 hommes de la défense civile, on arrive, pour l’URSS, au chiffre de 5 790 000 soit 21,1 pour 1 000 habitants, ce qui doit poser d’importants problèmes de recrutement.
Une des annexes est la situation militaire en Europe. Un tableau permet des calculs très simples montrant que, dans le théâtre Nord et Centre, l’Otan dispose de l’ordre de 27 divisions disponibles immédiatement contre 60 au Pacte de Varsovie. La conclusion de l’analyse n’est guère encourageante car elle constate que le rapport numérique des forces continue à évoluer défavorablement pour l’Ouest et l’analyse économique et financière ne permet pas d’espérer que les Européens puissent remédier à cette situation dans un avenir proche, même si la part de l’Europe (3 milliards de dollars) atteignait, en 1982, 56 % du budget américain.
Cet ouvrage est donc à la fois une base de documentation et d’études. Il est cependant difficile, de par sa nature, de déterminer si les variations que l’on constate d’une année sur l’autre sont réelles ou simplement dues à des variations d’appréciation ou à des changements des sources d’information.