Faits et dires
* Les 7 et 8 janvier 1985, à Genève, le secrétaire d’État américain George Shultz et le ministre soviétique des Affaires étrangères, Andrei Gromyko, ont décidé de la reprise des négociations stratégiques. Dans le communiqué commun signé alors ils affirment que « l’objectif des négociations consistera à réaliser des accords effectifs destinés à prévenir une course aux armements dans l’espace et à mettre fin à cette course sur terre, à limiter et à réduire les armes nucléaires et à renforcer la stabilité stratégique ». Le 26 janvier 1985, Washington et Moscou annonçaient simultanément que ces négociations reprendraient le 12 mars 1985 à Genève.
* Je n’ai pas d’objectif plus important que de réduire et finalement éliminer les armes nucléaires. Les États-Unis auront des idées concrètes à présenter à la table des négociations. Nous espérons que les Soviétiques adopteront une approche constructive.
Ronald Reagan, le 22 janvier 1985
* Si les États-Unis continuaient à déployer leurs systèmes nucléaires de portée moyenne en Europe, ils mettraient en question les négociations qui doivent commencer conformément à l’entente intervenue à Genève.
Andrei Gromyko, le 13 janvier 1985 à la télévision soviétique
* Les moyens nucléaires britanniques et français doivent être pris en compte. La Grande-Bretagne et la France font partie de l’alliance nord-atlantique. Il serait extrêmement injuste que celle-ci obtienne une sorte de prime sous la forme des forces nucléaires britanniques et françaises.
Andrei Gromyko, ibidem
* La France réaffirme qu’il ne peut être question de comptabiliser dans des négociations menées par des tiers la force nucléaire française. Celle-ci est strictement indépendante et relève de sa seule souveraineté. La France n’exclut pas de participer, le jour venu, à une éventuelle négociation incluant l’ensemble des pays dotés d’armes nucléaires. Les conditions d’une telle avancée en ce domaine ont été exposées à plusieurs reprises et notamment à Moscou au mois de juin 1984 par le président de la République.
Mise au point du Quai d’Orsay, le 14 janvier 1985
* Lorsque nous parlons de la prise en compte du potentiel nucléaire français, il ne s’agit absolument pas de la réduction des missiles français, mais de celle des missiles américains en tenant compte des missiles français.
M. Vorontsov, ambassadeur d’URSS en France, le 14 janvier 1985
* Il est évident qu’il est fort important pour la France de disposer un peu partout dans le monde d’un certain nombre de points où la population fait confiance, où elle est en mesure de défendre son rayonnement, ses intérêts, sa présence.
Président François Mitterrand, le 16 janvier 1985 à la télévision
* La France entend maintenir son rôle et sa présence stratégique dans cette partie du monde (Nouvelle-Calédonie). J’ai demandé au Premier ministre [Laurent Fabius] de prendre toutes mesures à cet effet, notamment en ce qui concerne les installations nécessaires au renforcement de la base militaire de Nouméa.
Président Mitterrand, le 20 janvier 1985 à son retour de Nouvelle-Calédonie
* En ce qui concerne nos départements et territoires d’outre-mer, il ne m’appartient pas de me prononcer sur leur devenir politique ; la principale menace à prendre en compte me paraît être celle d’une déstabilisation interne soutenue par des actions de terrorisme ou de guérilla. La situation en Nouvelle-Calédonie constitue un exemple à méditer. Nous devons y être particulièrement attentifs car le Centre d’expérimentations nucléaires du Pacifique à Mururoa, le Centre spatial de Kourou en Guyane, sont absolument essentiels au maintien de notre niveau technologique et partant à la cohérence de notre dispositif de défense.
Général Lacaze, le 14 janvier 1985,
à l’Académie des sciences morales et politiques
* L’évolution des programmes d’armements des superpuissances nous oblige à changer d’échelle dans nos propres équipements. L’effort de défense est un effort scientifique, technologique et industriel. Il requiert des moyens humains, financiers et industriels qui n’existent plus dans aucun pays isolé. Pour sa sécurité l’Europe a donc besoin de développer des coopérations internes. Nous sommes à un tournant historique.
M. Laurent Fabius, le 22 janvier 1985 à Bruxelles