Afrique - Maghreb : inéluctabilité d'une mésentente cordiale ? - L'Afrique, trente ans après Bandung (Bandoeng)
Maghreb : Inéluctabilité d’une mésentente cordiale ?
L’éventuelle réunion d’un « sommet » maghrébin, annoncée par Tunis au début de février 1985, avait fait naître l’espoir que s’amorçât une négociation constructive entre le Maroc et l’Algérie, États les plus concernés par l’affaire sahraouie. Quoique cette affaire eût été particulièrement génératrice de tensions qui tendaient à devenir plus graves, le projet ne cherchait pas seulement à lui trouver un dénouement, il visait surtout à effacer ce que l’union arabo-africaine, décidée par le Maroc et la Libye en août 1984, pouvait avoir d’agressif à l’égard de l’entente Tunisie-Algérie-Mauritanie ; précédemment nouée, celle-ci se voulait ouverte aux autres États du Maghreb, et non à l’ensemble de l’Afrique, à la condition que ces États eussent réglé leurs litiges frontaliers avec les autres membres de l’entente.
Cette restriction visait, bien entendu, le colonel Kadhafi. Les différences idéologiques, grâce auxquelles chaque État tirait l’originalité de sa personnalité, n’étaient pas en cause. On entendait seulement rappeler au guide de la Jamahiriya, qui ne parvenait pas à concevoir la nécessité des délimitations géographiques d’une nation, qu’un État moderne ne pouvait s’organiser sans être placé à l’intérieur d’un contenant rigide, même si le contenu de celui-ci paraissait de nature semblable au contenu des contenants voisins. C’est le gouvernement algérien qui s’est toujours montré le plus strict en la matière parce qu’il coiffe une nation encore mal soudée ethniquement et historiquement et qu’il parvient encore mal à faire prendre le ciment idéologique capable de prolonger, dans la paix, l’unité obtenue durant la guerre d’indépendance. Il tient donc particulièrement à enfermer sa souveraineté dans des frontières qui sont d’autant plus indiscutables qu’elles ont été établies selon des règles acceptées par la majorité des États africains.
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