Hommage à Roger Seydoux
Roger Seydoux Fornier de Clausonne, ambassadeur de France, a quitté dans la discrétion qu’il aimait le Comité d’études de défense nationale et tous ceux qui lui portaient affection et respect. Avec une constante et souriante courtoisie, une attention soutenue, il donnait à tous, le témoignage amical de son intelligence, de sa générosité profonde et de l’expérience des hommes et des choses acquise au cours d’une carrière exceptionnelle.
Il était diplomate par goût et tradition familiale à la fois et évoquait fidèlement le souvenir de son frère, François Seydoux, ambassadeur de France, qui l’avait précédé parmi nous. Aux Affaires étrangères comme à l’extérieur de celles-ci, il avait su donner à une curiosité toujours en éveil des champs d’action divers. La direction de l’École libre ou de l’Institut des sciences politiques, les fonctions d’ambassadeur de France en Tunisie ou au Maroc, la représentation de la France auprès des Nations unies ou au Conseil de l’Atlantique Nord, les responsabilités d’ambassadeur de France en Union soviétique, marquent les étapes majeures de l’existence professionnelle. La dignité d’ambassadeur de France l’a couronnée. Mais la présidence du conseil d’administration de la Fondation de France apparaît ensuite comme la traduction symbolique d’un vœu constant, celui de transmettre aux autres les témoignages intellectuels ou les aides matérielles qu’il savait rassembler avec cœur.
Ses souvenirs, servis par une mémoire fidèle, étaient sans nombre, et il acceptait parfois, avec discrétion et ironie cependant, de faire partager les expériences vécues et de les rattacher au présent. Mais le témoignage soulignait toujours les vertus de la conviction et de courage moral qu’il savait cultiver lui-même dans le silence.
Profondément bouleversé par un deuil récent il avait su donner à tous l’exemple de la dignité silencieuse et cherché à trouver dans le souvenir la force d’un équilibre renouvelé.
Jusqu’au dernier moment, avec courage, il a suivi et aidé attentivement nos travaux et nos efforts. Sa passion pour la France était grande en effet. Et la peine est grande aussi de ceux qui ont eu le privilège de travailler avec lui.