Marine - Les moyens de la riposte (II) - Bilan d'une année de service public
Il est souhaitable de disposer d’un autre mode d’action, différent de l’affrontement, soit que les circonstances apparaissent trop défavorables ou trop coûteuses en moyens, soit que la situation se prête mieux à une réaction diversifiée dans l’espace et dans le temps qu’à une action unique et massive. Ce mode d’action est la rétorsion dont on a déjà montré l’économie de moyens qu’elle entraînait. Bien sûr, le mot heurte les mentalités occidentales classiques pour qui la guerre devrait rester un affrontement et le combat naval la réplique moderne de Tsoushima (27-28 mai 1905) ou de la bataille de Leyte (23-26 octobre 1944). Le mot rétorsion a une consonance immorale et l’utilisation de telles méthodes apparaît condamnable car liée, dans l’imagerie populaire, au massacre d’innocentes victimes tuées en représailles. Et pourtant il ne s’agit d’abord que d’un mode d’action de non-guerre, typiquement dissuasif et bien adapté aux situations de crise et de conflit limité, cohérent avec notre posture générale de défense.
L’adoption de ce mode d’action permet de répliquer sans se laisser entraîner sur le terrain préparé par l’adversaire, sans être obligé de rentrer dans le combat qu’il a choisi et pour lequel il s’est mis en condition. L’agressé conserve toute initiative dans la riposte. Il a le choix du lieu où il appliquera son action sans être tenu de l’exercer là où l’ennemi a jugé bon de déclencher son attaque. Il a le choix du moment le plus propice. C’est un avantage indéniable, surtout en mer, lorsque le lieu de l’action ennemie initiale est géographiquement peu favorable à une contre-attaque à partir de la mer ou simplement très éloigné.
L’agressé peut donner à son action de rétorsion la forme qu’il veut, utiliser le moyen le plus approprié sans se faire dicter sa tactique par le dispositif ennemi. Il est libre de doser cette réplique, ce qui autorise, s’il le souhaite, la poursuite du dialogue politique qu’un affrontement massif a toutes les chances d’interrompre. Il peut enfin choisir l’endroit et l’objectif en fonction de la vulnérabilité de l’adversaire. Alors que l’affrontement apparaît comme une recherche de la difficulté, la rétorsion permet l’économie des moyens et des hommes pour une efficacité moins aléatoire.
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