Comme chaque année à pareille époque, l’IISS publie un de ses deux documents réguliers dont l’autre est le « Strategic Survey ». Ce Military Balance 1985-1986 est un tableau mis à jour au 1^er juillet 1985 des forces militaires dans le monde. Attendu avec le plus grand intérêt par les spécialistes, il représente, cette année, un volume de 200 pages au lieu des 160 de 1984.

Cette augmentation s’explique d’abord par un changement de typographie, la nouvelle facilitant l’exploitation, mais aussi par des informations plus détaillées soit dans les textes de présentation soit dans l’analyse des forces elles-mêmes (avec quelquefois des résultats surprenants comme, pour les États-Unis, de trouver sous l’étiquette « Army » le stationnement de forces navales, de Marines et d’unités de l’Air Force attachées à l’US Central Command). Pour l’Union soviétique, le stationnement des forces (deployment and bases) est décrit de manière beaucoup plus poussée que l’année dernière en faisant apparaître, en quatre pages et demi, la répartition par grand théâtre stratégique (GTVD), par théâtre régional (TVD) ou océanique (OTVD).

Ce souci d’analyse plus poussée se retrouve dans la deuxième partie (tables et analyses), par une meilleure présentation des dépenses militaires des pays du Pacte de Varsovie d’une part, des pays de l’Otan d’autre part, en faisant apparaître pour ces derniers les résultats que l’on obtient par trois méthodes différentes, celles utilisées par l’IISS, par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) et par l’Arms Control and Disarmament Agency (ACDA) américaine. Un nouveau tableau donne l’organisation et l’armement de l’armée de terre soviétique, un autre le potentiel de transport aérien civil pouvant être utilisé à des fins militaires par l’Otan, y compris la France.

La « Press release » joint donne les tendances qui ont apparu pendant ce travail. Le commerce des armes est devenu un marché acheteur car il y a surproduction. En dehors des superpuissances, il n’y a pas de course aux armements et certains pays ont même diminué leur budget militaire. Pour les États-Unis et l’Union soviétique, on prévoit de nouvelles générations d’armements stratégiques et la conduite de programmes de recherche sur la défense stratégique. La comparaison entre forces nucléaires, qui n’avait pas été faite depuis 1982-1983, montre qu’en trois ans le nombre des ogives nucléaires a augmenté de 10 % aux États-Unis et de 37 % en URSS, ce qui amène à une parité approximative. Par contre, en mégatonnage, la tendance est à la stabilité, avec une évolution vers les ogives plus petites et moins puissantes. L’IISS constate également qu’à l’intérieur de l’Otan le débat sur les nouveaux concepts n’a pas produit de changement majeur, pour des raisons surtout financières.

Bien d’autres points sont soulevés et, cette année, on assiste à un essai de rajeunissement et de renouvellement de ce document qui vient à point, celui de l’année dernière nous ayant paru un peu maigre.

L’IISS signale de plus qu’il y aura des éditions en langue étrangère dont une en français.