Défense à travers la presse
Probablement parce qu’ils sont convaincus que de telles initiatives ne sont, en définitive, que des coups de propagande, nos confrères n’ont guère commenté la proposition de M. Gorbatchev d’un moratoire sur les essais nucléaires avec contrôle sur place. Si le recours au moratoire a souvent été utilisé par Moscou dans le passé, et encore l’été dernier, c’était, en revanche, la 1re fois que l’Union soviétique consentait à se prêter à des mesures de vérification. C’est d’ailleurs pourquoi, dans son édition du 21 décembre 1985, La Croix jugeait que cette suggestion était loin d’être négligeable. Reste cependant que les États-Unis n’ont jamais été favorables à l’arrêt complet des essais nucléaires…
Parce qu’ils sont conscients des divisions que provoque en Europe le programme reaganien de l’IDS (Initiative de défense stratégique), nos confrères ont manifesté beaucoup d’attention aux engagements pris par la Grande-Bretagne et l’Allemagne fédérale. Dans son éditorial du 19 décembre 1985, Le Monde analysait la situation dans son ensemble :
« L’IDS pose aux alliés des États-Unis deux problèmes bien distincts. Le 1er, celui du soutien stratégique et politique à apporter à Washington dans cette affaire, a été résolu par les diverses capitales de manières fort différentes dans la forme mais en réalité assez proches sur le fond. Tandis que M. Mitterrand dit, sans ménagement, non au projet américain, les Britanniques, les Allemands et d’autres l’estiment justifié, mais ils posent des conditions qui nuancent fortement leur oui : pas de déploiement automatique des nouvelles armes défensives, nécessité de négociations préalables avec les alliés et avec Moscou, maintien du principe de dissuasion et des équilibres stratégiques. Il n’y a donc pas sur tous ces points de désaccord important entre Européens, d’autant que personne, même à Paris, ne refuse aux Américains le droit de faire des recherches pour parer à toute percée décisive des Soviétiques en matière d’armements défensifs. Le 2nd problème est celui que M. Weinberger a soulevé en proposant à 18 pays alliés et amis de coopérer à la recherche sur l’IDS… Or, Washington n’a jamais caché que la coopération avec les industries européennes ne peut prendre qu’une forme de sous-traitance : non seulement les États-Unis veulent garder la maîtrise de toute l’opération, mais ils ne pourraient partager l’ensemble des connaissances acquises dans les recherches sur l’IDS sans violer le traité de limitation des antimissiles de 1972 qui interdit les transferts de technologie en cette matière ».
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