Défense à travers la presse
Après les attentats de Rome et de Vienne, c’est à Paris que le terrorisme a frappé, notamment au Forum des Halles. Si la légitimité des mouvements qui s’adonnent à de tels actes n’apparaît pas clairement, il est tout aussi difficile de mesurer l’efficacité de leur entreprise. De surcroît il est évident que la lutte contre le terrorisme reste problématique, d’autant que les États qui en sont la cible ont des vues divergentes en la matière. Il y a un siècle, Ravachol agissait en simple anarchiste : de nos jours, les poseurs de bombes ont d’autres références et la plupart mettent en avant ce qu’ils appellent « le terrorisme d’État », une idée qui a fait son chemin plus qu’il n’y paraît.
La désinformation a donc son rôle dans l’extension du terrorisme. Celui-ci en tire parti pour énerver les opinions publiques et mettre les gouvernements en difficulté. Cela offre l’occasion aux éditorialistes de clouer au pilori soit le législateur, soit tel ou tel dirigeant étranger comme le colonel libyen Kadhafi ou l’ayatollah iranien Khomeiny. Mais cela suffit-il ? Les solutions préconisées sont parfois bien insignifiantes, elles sont limitées par le fait que les pays occidentaux se veulent des États de droit : une formule bien ambiguë avec ses relents de contrat social dans un monde où cette notion, fort à la mode, n’est guère respectée. Et c’est précisément cette dégradation que redoute Noël Copin dans La Croix du 7 février 1986 :
« De droite, de gauche ou du centre, les responsables politiques savent bien que le terrorisme est un piège pour les nations qui se disent et se veulent démocratiques. La principale faiblesse ne serait-elle pas de céder à la tentation de s’éloigner de la démocratie pour être plus efficace ? C’est là sans doute le piège suprême du terrorisme. En violant ouvertement par leurs crimes les règles les plus élémentaires du droit international, les auteurs d’attentats peuvent inciter des États démocratiques à enfreindre eux-mêmes leur propre principe et à violer le droit international. La mésaventure que vient de connaître le gouvernement israélien faisant détourner un avion civil est significative. Elle n’a pas seulement porté un coup à la réputation des services secrets de Tel-Aviv. En comparant les réactions suscitées par cet événement à celles qui avaient salué le raid sur le quartier général de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) en Tunisie, on a l’impression de voir s’instaurer une sorte de morale de la réussite : le coup qui rate son but est mauvais, celui qui atteint son but est bon, quelle que soit la nature du coup. Si on en arrivait vraiment là, le terrorisme aurait gagné : il aurait imposé au monde sa propre logique ».
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