Défense à travers la presse
Le 18 avril 1986, la France apprenait la mort de Marcel Dassault, doyen d’âge de l’Assemblée nationale mais dont le titre de gloire restera l’apport constant dont il a fait bénéficier l’aéronautique française. La presse, avec ses moyens divers, s’est largement associée à l’hommage unanime qui fut alors rendu au célèbre industriel par la classe politique, le monde des affaires et les syndicats. Elle s’appliqua à mettre en relief le génie créatif de cet ingénieur qui sut aussi être un chef d’entreprise particulièrement avisé. Nous ne pouvons oublier, ici, que le fleuron de cet empire industriel est aux mains de l’Armée de l’air. Elle a obtenu grâce à Marcel Dassault les moyens de son indépendance, voire de sa destinée.
Cependant, ce qui a le plus agité la presse au cours du mois d’avril 1986 reste l’engagement militaire américain contre la Libye. Les bombardements de Tripoli et de Benghazi n’ont sans doute surpris que le colonel Kadhafi : depuis les accrochages du golfe de Syrte, fin mars 1986, les États-Unis avaient multiplié les indices révélant leur intention de ne pas en rester là et l’escadre soviétique en avait tenu compte. Dans Libération du 16 avril 1986, Marc Kravetz analyse les raisons du président Reagan.
« Il s’agissait d’abord de châtier spectaculairement, exemplairement, l’État-terroriste, de rompre avec l’idée reçue de plus en plus largement que la toute-puissance technologique est inefficace contre la guerre des pauvres. De ce point de vue, la démonstration a été parfaite et on peut dire sans excès de langage que, pour le coup, Kadhafi l’avait bien cherché. Le bombardement de Tripoli et Benghazi, c’est aussi la réponse d’une Amérique que ses adversaires croient pouvoir défier et humilier à coups d’attentats, de prises d’otages, de déclarations belliqueuses… Par une sorte de paradoxe, même s’il n’est pas nouveau, les États-Unis semblent désormais avoir choisi de se battre sur le terrain de leurs ennemis. Avec la même certitude qu’ils ont le droit et la morale, Dieu donc, de leur côté. »
Il reste 84 % de l'article à lire