Revue des revues
• La revue américaine Strategic Review, dans son n° d’hiver 1986, contient un article de M. William R. Bode, assistant spécial du sous-secrétaire d’État pour l’assistance de sécurité, la science et la technologie depuis 1983. Le sujet en est « la doctrine Reagan ».
D’après William Bode, ce terme a été utilisé pendant le premier mandat du président Reagan. Il concernait une « prédominance » dans une compétition politique et militaire avec l’Union soviétique. À l’automne 1982, le New York Times a expliqué qu’il s’agissait de refouler l’influence russe à l’intérieur des frontières de l’URSS en renforçant les moyens militaires et en employant des mesures diplomatiques, économiques et la propagande. On a parlé d’une nouvelle diplomatie de la canonnière. En mai 1983, le Washington Post a relevé une remarque du président Reagan sur la nature des gouvernements auxquels s’opposent les guérillas. Le discours sur l’état de l’Union du 6 février 1985 a fait allusion au soutien apporté aux « combattants de la liberté ». Le 16, le président a parlé de ceux qui se battent contre « l’infâme doctrine Brejnev » qui veut qu’une nation ne puisse pas se libérer de la tyrannie communiste. George Schultz, secrétaire d’État des États-Unis, a affirmé la responsabilité morale des États-Unis et la nécessité de réagir quand les Soviétiques provoquent des révoltes dans des zones d’importance stratégique, les guerres de libération nationale étant devenues un prétexte pour mener la subversion au nom de l’internationalisme socialiste.
La doctrine Reagan repose sur la certitude de la victoire des valeurs démocratiques, le soutien des combattants de la liberté, une volonté de démasquer la subversion pour identifier le véritable agresseur, le droit pour les Américains d’utiliser unilatéralement la force pour se défendre. Ce droit fait aussi partie de la lutte contre le terrorisme, mais avec des méthodes particulières. Il faut d’abord renverser la doctrine de Brejnev sur l’intangibilité des « acquis du socialisme », s’opposer à l’expansion soviétique dans le Tiers-Monde qui veut séparer les pays capitalistes de leurs sources en matières premières, propager le communisme dans les anciennes colonies, faire perdre aux Occidentaux leurs avant-postes, créer les bases d’une offensive attaquant de flanc ou encerclant les centres de la puissance capitaliste. Khrouchtchev a obtenu quelques succès en Égypte et à Cuba mais ses successeurs ont été plus méthodiques. Dans la décennie 1970, l’URSS s’est établie en Angola, en Éthiopie, au Mozambique, au Sud-Yémen, en Libye, en Afghanistan, au Vietnam et au Nicaragua. Ils ont établi des sanctuaires pour mener une subversion chez les voisins, une infrastructure pour le réseau terroriste mondial, des bases militaires pour agir sur « les arrières profonds de l’ennemi ». Cette stratégie est conduite par personnes interposées, « le rideau de fumée de la guerre révolutionnaire » masquant l’agression. Des fronts de libération nationale ont imposé des régimes marxistes sans compromettre les Soviétiques. C’est ce qui est en cours au Salvador.
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