Appliquer les méthodes modernes de gestion à cette activité très particulière que constitue la production de spectacles, voilà qui n'est pas une mince gageure. C'est pourtant l'un des aspects des fonctions de l'auteur, maître des requêtes au Conseil d'État, qui est entré à l'ORTF en 1964 et qui, après avoir dirigé la coordination des chaînes de télévision, est aujourd'hui délégué général à la production télévisée. À ce titre il a la responsabilité d'une véritable entreprise dont la dimension industrielle ne le dispense pas de veiller à la qualité d'une production artistique accessible à une vaste collectivité. Cet article est extrait d'une conférence qu'il a faite il y a quelques mois, devant les anciens élèves de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris.
La télévision, art et industrie
J’aimerais avoir rencontré, ne fût-ce qu’une seule fois, l’homme qui, à propos de tout ce qui put lui tomber sous la main, se fût demandé : « Ceci ne pourrait-il pas être amélioré ? » (Nietzche).
« L’artiste est celui qui fixe et rend accessible aux hommes le spectacle dont ils font partie sans le voir ». (Merleau Ponty).
Le paradoxe de la télévision est qu’elle se présente à la fois comme une entreprise industrielle et comme une activité esthétique. Or, on peut se demander ce qu’il peut y avoir de commun entre la notion d’industrie, qui évoque ce qu’il y a parfois de plus trépidant dans l’activité moderne, et celle d’art, de création artistique qui évoque beaucoup plus le silence, le recueillement et la méditation solitaire. Et, si l’on se réfère aux définitions des dictionnaires, on constate que la télévision y est présentée essentiellement sous son aspect industriel : « La télévision est la transmission à distance, par ondes électriques ou hertziennes, d’images animées ».
C’est donc beaucoup plus sur la notion de moyens, de techniques employées que l’accent est mis, que sur la finalité. Il serait souhaitable que, pour l’avenir, une nouvelle définition fût recherchée qui, tout en gardant la concision de la première, fasse sa place à la finalité de cette nouvelle activité humaine. Ces deux aspects sont liés et en aucun domaine, contrairement aux apparences, il ne peut y avoir d’art sans technique. Que l’on pense au sculpteur, au peintre, à l’architecte, il y a toujours une technique, qui est celle du dessin, des outils, de leur invention ; une manière de mélanger les couleurs, de les fondre ; en architecture, on voit bien que l’art suppose des techniques et que les formes de l’art sont souvent accompagnées du progrès de la technique.
Il reste 95 % de l'article à lire
Plan de l'article