Afrique - Tunisie : les temps difficiles… - Les ambiguïtés de la diplomatie du Niger
Tunisie : les temps difficiles…
La Tunisie est actuellement le plus vulnérable, sinon le plus malade, des pays du Maghreb, cela pour trois raisons principales dont la première englobe, pour ainsi dire, les deux autres. Primo : nul ne peut prédire ce qu’il adviendra du « bourguibisme » après le départ du président et une éventuelle éclipse de ses proches. Secundo : la Tunisie, par sa position géographique en Méditerranée et en Afrique du Nord, subit, plus que l’Algérie et le Maroc, des influences proche-orientales. Tertio : la laïcisation de l’État, la modernisation de l’islam, l’« occidentalisation » des mœurs y ont été menées avec plus de constance qu’ailleurs par une bourgeoisie « éclairée » qui avait le dessein d’installer un régime où des partis « laïques » auraient alterné au pouvoir, où les syndicats encadreraient les masses populaires et tempéreraient, sans l’interdire, le développement d’un capitalisme national.
On pourrait ajouter, à ces causes principales, une quatrième raison non négligeable. En trente ans d’exercice ininterrompu du pouvoir, le « bourguibisme » avait su évoluer d’un socialisme, apparenté au capitalisme d’État, à un empirisme libéral ; il espérait favoriser ainsi le décollage économique. Ce fut un succès : en se montrant attrayant à l’égard des investissements étrangers et en pratiquant une politique extérieure que l’Occident pût accepter, Tunis réussit à diversifier une économie, jusque-là consacrée presque exclusivement aux cultures d’exportation et à la production minière ; il a fait passer la majorité soumise de la population de la misère à un certain bien-être, ce qui l’a rendue plus exigeante, moins passive, donc plus encline à rechercher une nouvelle amélioration de son sort, perspective que la crise interdit d’envisager pour l’instant. De paysanne, la majorité de la population est devenue citadine et prolétaire, tandis que le développement des secteurs secondaire et tertiaire de l’économie (1) a augmenté l’importance d’une classe moyenne dont elle envie les privilèges et qui ne peut guère trouver une solution à ses problèmes.
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