Défense à travers la presse
Un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) soviétique en perdition au large des côtes américaines, voilà de quoi faire frissonner. Certes, ce n’était pas la première fois qu’un bâtiment soviétique se trouvait ainsi en difficulté, mais la proximité des États-Unis conférait à cet accident une importance majeure. Du moins le pensait-on. Or Moscou n’a pas fait mystère de l’affaire : comment d’ailleurs aurait-ce été possible ? Il n’empêche que la presse sut apprécier la franchise des autorités soviétiques. À l’approche de la rencontre de Reykjavik, les deux superpuissances ne pouvaient guère engager une polémique à ce sujet. On se souvint qu’au lendemain de l’installation des premiers missiles Pershing II en Europe, le Kremlin avait réagi en menaçant les États-Unis de les mettre à portée immédiate d’armes nucléaires, comme si par le passé il n’en avait rien été ! Alors, puisque ce SNLE en feu ne semblait pas compromettre la détente en vue, on y vit un symbole de celle-ci ; ce fut même le titre d’un éditorial du Monde (le 7 octobre 1986). D’autres commentateurs insistèrent sur le danger de pollution nucléaire, un sujet à la mode depuis Tchernobyl (1986). Dans Libération, du 6 octobre 1986, Gérard Dupuy sut aller plus loin dans l’analyse :
« Certes, les risques technologiques majeurs sont le visage le plus grimaçant et le moins évitable de la modernité en général, non moins occidentale que soviétique. Mais la redoutable série noire de catastrophes que connaît l’Union soviétique semble indiquer que ce risque n’est pas la chose du monde la mieux partagée. Si les Soviétiques restent capables de prouesses scientifiques époustouflantes, la routine semble avoir de plus en plus de mal à suivre le mouvement. Pire, chaque nouvel incident met à jour un écart croissant entre les pratiques soviétiques et les normes en vigueur dans le monde occidental… Mais il y a une raison pour laquelle Gorbatchev peut faire contre mauvaise fortune bon cœur : l’incident survenu dans un de ses sous-marins ne peut que conforter le discours soviétique sur l’imminence de l’apocalypse nucléaire ».
Puis, dans une euphorie savamment distillée par les médias, eut lieu la rencontre de Reykjavik (1986). Tout le monde, y compris semble-t-il M. Gorbatchev, avait oublié la détermination du président Reagan à poursuivre jusqu’à son terme le programme Initiative de défense stratégique (IDS). Les pourparlers butèrent donc sur ce sujet. Une occasion pour Charles Lambroschini de souligner que ce projet n’est aucunement une chimère puisque les Soviétiques le redoutent. Mais il y a aussi autre chose que notre confrère présente ainsi dans Le Figaro du 14 octobre 1986 :
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