Armée de terre - Les Troupes de Marine - Le Centre d'entraînement prémilitaire et des réserves (CEPR)
Les troupes de Marine
Le 1er septembre 1986, a été commémoré à Fréjus, le 116e anniversaire des combats de Bazeilles, M. André Giraud, ministre de la Défense présidait ces cérémonies auxquelles assistaient M. Léotard, ministre de la Culture et de la Communication, et de nombreuses personnalités civiles et militaires dont le général Maurice Schmitt, Chef d’état-major de l’Armée de terre.
La bataille de Bazeilles, en 1870, près de Sedan, a été choisie par les troupes de Marine comme symbole de courage et de la mission accomplie jusqu’aux extrêmes limites du devoir : c’est devenu leur fête, célébrée annuellement dans toutes leurs garnisons de France et d’outre-mer. Cette commémoration nous procure l’occasion de rappeler ce que sont les troupes de Marine.
Historique
Le 14 mai 1831, Louis-Philippe Ier créa, par ordonnance, deux régiments destinés « à pourvoir au service ordinaire des garnisons des colonies françaises ». Ils prirent la dénomination de 1er et 2e régiments de Marine. Ils sont les héritiers des « compagnies ordinaires de la mer », mises sur pied par Richelieu en 1622 pour tenir garnison à bord des vaisseaux royaux. En 1838, le nombre de ces régiments est porté à trois et comprennent chacun trente compagnies à cent hommes chacune.
De même, en 1692, avait été créé un Corps d’artillerie de la Marine et des colonies.
De fréquents changements de structures handicapèrent les troupes de Marine. Malgré cela, elles s’affirmèrent outre-mer comme l’instrument chargé de la mise en œuvre de la politique coloniale définie par le pouvoir central, et en métropole, elles montrèrent par leur courage et leur bravoure les qualités propres aux troupes de métier. L’étude de leurs campagnes en porte témoignage : Sénégal, 1843 ; campagne du Maroc, 1844 ; campagne de Crimée, 1854-1856 ; Chine, 1859 ; Mexique, 1862 ; Cambodge, 1869 ; Tonkin, 1882 ; Madagascar, 1882 ; Formose, 1884 ; Soudan, 1890.
La loi du 7 juillet 1900 consacrera le rattachement des troupes de Marine au ministère de la Guerre. Elles seront désormais appelées troupes coloniales. Puis celles-ci deviendront troupes d’outre-mer en 1958 et troupes de Marine en 1961. Enfin la loi du 20 décembre 1967, en fusionnant en une arme unique les troupes de Marine, définit le service outre-mer comme la vocation principale des personnels de cette arme.
Les troupes de Marine en 1986
Composante de l’Armée de terre, les troupes de Marine présentent une particularité : elles forment en effet une arme intégrant des personnels de spécialités variées au sein d’unités diversifiées (régiments d’infanterie, motorisés, mécanisés et parachutistes, régiments d’artillerie, régiments blindés de reconnaissance, régiments interarmes, formations de commandement et de soutien, corps d’instruction, régiments du service militaire adapté), stationnées en métropole, en République fédérale d’Allemagne et outre-mer (DOM-TOM et Afrique).
Elles participent aux différentes missions de l’Armée de terre :
• Douze régiments font partie de la force d’action rapide, au sein de la 9e Division d’infanterie de Marine (Dima), de la 11e Division parachutiste (DP) et de la 6e Division légère blindée (DLB) ; ils sont plus particulièrement entraînés aux actions extérieures.
• Cinq autres régiments sont inclus dans les divisions blindées ou d’infanterie du corps blindé mécanisé.
• Outre-mer, les troupes de Marine ont une partie importante de leur effectif : un quart des cadres officiers et sous-officiers servent soit dans des formations stationnées dans les départements et territoires, soit dans d’autres formations implantées en pays étrangers, en exécution d’accords de défense passés avec le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon et Djibouti.
• Enfin, 40 % des officiers et sous-officiers de l’Armée de terre qui servent outre-mer au titre de l’assistance militaire technique comme conseillers ou techniciens, sont issus des troupes de Marine, soit environ 350 officiers et sous-officiers.
Fortes de 33 600 hommes, elles sont composées de personnels de carrière ou sous contrat et de personnels appelés métropolitains ou ressortissants des départements et territoires d’outre-mer. Les militaires du contingent représentent 43 % des effectifs totaux de l’arme, dont 3,5 % des lieutenants, sous-lieutenants et aspirants, 12 % des sergents et maréchaux des logis, 58 % des militaires du rang. Parmi ces derniers, ceux sous contrat (10 300 h) sont regroupés pour la majeure partie dans 10 régiments, dits professionnalisés, de métropole et dans les formations stationnées outre-mer, notamment en Afrique noire.
Les troupes de Marine ont pour vocation principale le service outre-mer, pour lequel leurs personnels, autres qu’appelés, sont réputés volontaires en permanence. Les cadres, préparés par des stages suivis au centre militaire d’information et de documentation sur l’outre-mer de Versailles, acquièrent une excellente connaissance du milieu physique et humain et des conditions d’emploi des forces outre-mer. Par les relations confiantes qu’ils établissent avec les cadres des Armées nationales, ils contribuent au renforcement des liens d’amitié existant entre la France et les États africains francophones.
Le Centre d’entraînement prémilitaire et des réserves (CEPR) (1)
Depuis leur création en 1979, les centres d’entraînement prémilitaire et des réserves avaient pour tâche essentielle de délivrer une information sur les préparations militaires et de contribuer au maintien en condition des cadres de réserve volontaires pour participer à certaines activités (sport, tir, rallye des réserves, etc.).
En 1984, placé sous les ordres directs du délégué militaire départemental, adjoint du général commandant la division militaire territoriale, le CEPR a vu sa mission élargie de façon significative. Ainsi, dans le domaine des préparations militaires, les cadres de réserve, membres du CEPR participent directement au recrutement des candidats et des instructeurs de réserve qui ont en charge les centres de préparation militaire. Cette mission prend toute son importance avec la préparation militaire « terre » dont l’encadrement est en totalité constitué par des réservistes, qu’il s’agisse des sections ou des sociétés de préparation militaire. Par ailleurs, allant au-delà du maintien en condition des cadres de réserve « inscrits » au CEPR, ce centre assure désormais une double tâche de détection et de formation en vue d’un emploi de mobilisation.
Les cadres concernés par cette double action sont les « affectés en CEPR » qui comprennent d’une part tous les officiers et sous-officiers pendant la durée légale de disponibilité (les quatre ans qui suivent le service actif) et d’autre part les officiers et sous-officiers de réserve en service, volontaires ou retenus pour tenir un emploi ultérieur de mobilisation.
Le but poursuivi est le renouvellement et le rajeunissement de l’encadrement des unités de réserve à partir des « affectés en CEPR ». Ceux-ci constituent désormais la réserve de la mobilisation des commandements territoriaux. Le bon fonctionnement du nouveau système implique une alternance entre l’affectation de mobilisation (temps pendant lequel le cadre de réserve doit se consacrer à la mise en condition de son unité) et l’affectation en CEPR (temps pendant lequel le cadre de réserve se recycle et se prépare à un futur emploi de mobilisation).
Il s’agit donc non pas d’instruire tous les affectés CEPR de la disponibilité, mais plutôt de détecter puis de préparer à un premier emploi de mobilisation les plus aptes d’entre eux. Cela implique une bonne prise de contact initiale à l’occasion de la présentation au délégué militaire départemental des aspirants et sous-officiers lors du onzième mois de leur service actif. Cela nécessite aussi une journée d’information et de reprise de contact au cours de la 1re ou 2e année de la disponibilité, et le choix des plus aptes et des plus disponibles susceptibles de bénéficier de courtes périodes d’instruction en corps de troupe.
Afin que les CEPR aient les moyens de faire face à leurs nouvelles missions, il a été décidé de les rattacher, partout où cela était possible, à des formations d’active voisines, chargées de les soutenir.
Outre ces missions, le CEPR demeure un lieu privilégié de rencontre avec les cadres de réserve du département et un relais naturel de diffusion de l’esprit de défense dans la nation. ♦
(1) Écrit en collaboration avec l’inspection des réserves et de la mobilisation de l’Armée de terre.