Institutions internationales - Le Système monétaire européen (SME) dans la tourmente
La mise en œuvre de l’Acte unique (1986) revient à la Belgique qui, durant ce premier semestre, préside le Conseil européen. D’entrée de jeu, le ministre belge des Affaires étrangères a tenu à faire connaître sa détermination. M. Léo Tindemans s’est en effet déclaré « résolu à appliquer sans faiblesse ses dispositions » demandant ensuite à l’Assemblée de Strasbourg « de faire en sorte que la procédure de coopération prévue par l’Acte unique n’aboutisse pas à ralentir encore le processus de décision communautaire ». Il reviendra à Sir Henry Plumb de veiller au grain puisque, par 241 voix contre 236 au postulant espagnol, il a obtenu de succéder à M. Pierre Pflimlin à la présidence de l’Assemblée. On lui prête l’intention de tout faire pour que la Grande-Bretagne entre dans le SME et pour que l’ECU (European Currency Unit) devienne une véritable monnaie. Les événements du mois de janvier apportent sans nul doute de l’eau à son moulin mais ils démontrent aussi la difficulté de la tâche.
Certes le SME ne prévoit pas explicitement une intervention automatique des banques centrales en cas de distorsion, mais ne fut-il pas instauré afin d’établir une meilleure coopération sur le plan monétaire ? Il est donc du ressort des banques centrales d’user de leurs ressources pour assainir le marché. Or, la Bundesbank (« Buba ») a manifestement fait grise mine au moment où le mark bénéficiait outre mesure de la chute du dollar. Il fallut que la France acceptât de laisser sa monnaie atteindre son cours plancher pour contraindre la RFA (République fédérale d’Allemagne) à réagir. Il semble que l’engagement pris à Gleneagles, en Écosse, de coordonner la politique monétaire des Douze ait été fâcheusement oublié au moment opportun.
Le fait est d’autant plus préoccupant que si le SME éclate un jour, c’en sera fini de ce grand marché commun de 320 millions de consommateurs auquel doit conduire l’Acte unique européen. La tourmente qui a conduit à un réajustement des parités, le 11 janvier 1987, a prouvé à quel point le SME manquait de cohésion interne.
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