Revue des revues
• La revue américaine Strategic Review, organe du United States Strategic Institute de Washington, en association avec le Center for International Relations de l’Université de Boston, dans son numéro d’automne 1986, publie un article d’Eugene Rostow, universitaire distingué, ancien sous-secrétaire d’État pour les Affaires politiques et ancien directeur de l’Agence pour la maîtrise des armements et le désarmement (ACDA). Le sujet de cet article est « rencontres au sommet et stratégie générale » (« of summitry and grand strategy »).
Pour Eugene Rostow, nous voyons encore les choses comme George Kennan (diplomate et politologue américain) dans son fameux article de Foreign Affairs de juillet 1947 (« The Sources of Soviet Conduct »). Les faits ont pourtant démenti ses prédictions : la politique soviétique ne s’est pas radoucie, malgré les espoirs soulevés à chaque changement de dirigeant. L’opinion publique occidentale a trouvé un nouvel opium, la foi dans des accords d’Arms Control. Le Sommet de Reykjavik d’octobre 1986 devrait pourtant ouvrir les yeux : Gorbatchev a essayé de couper ce qui relie la sécurité des États-Unis à celle de ses alliés. Pourtant l’Occident n’a aucune raison d’avoir peur. Pour obtenir « la paix en notre temps », il suffit de mettre sur pied une stratégie faisant face à celle de l’Union soviétique.
Eugene Rostow considère que la grande faiblesse des Américains est l’absence d’une théorie claire et admise par tous des buts poursuivis par leur stratégie nationale. Ils cherchent à la fois à protéger leur sécurité et à promouvoir de nobles idéaux, ce qui est bien souvent contradictoire. Dans un monde dangereux, il n’est plus possible de continuer ainsi. De leur côté, les Soviétiques ont une doctrine absurde où l’origine des guerres est le fruit des contradictions du capitalisme et des appétits de l’impérialisme, mais l’appliquent-ils ? Il est probable qu’ils pensent à la domination de l’« île mondiale ». Mackinder (géographe et homme politique britannique) est discuté au Kremlin et à l’académie Frounze. C’est le grand prêtre de la stratégie générale soviétique. Aucun texte ne le révèle, mais on peut le deviner en examinant leurs intentions « objectives » comme elles apparaissent depuis 1945. Ils ont constamment refusé de coopérer avec l’Occident quel que soit le domaine et n’ont reculé qu’en Iran devant l’opposition des Américains. Ils n’ont pas rempli les engagements qu’ils avaient pris à Yalta et à Potsdam (1945).
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