Défense à travers la presse
En plaçant des unités navales dans la région du Golfe, Moscou et Washington pensaient réduire les dangers qu’y fait courir le conflit irako-iranien. L’attaque de la frégate Stark a quelque peu modifié la donne, et la tension dans la zone a monté au lieu de rester sous contrôle. Qu’il s’agisse d’une erreur ne modifie en rien l’analyse, et la précarité de la situation n’en est que mieux démontrée. Les commentateurs se sont aussitôt montrés soucieux. Dans Le Matin de Paris du 19 mai 1987, Jean-Louis Morillon craint le pire dans cette zone à haut risque :
« Tout est en place pour une intensification de cette guerre des tankers qui pourrait être déterminante en l’absence de véritables modifications du front terrestre. Les Gardiens de la révolution viennent d’inaugurer une nouvelle tactique en lançant dans le Golfe de petites vedettes armées de simples lance-roquettes suffisantes pour bloquer les navires de commerce. La République islamique a aussi installé sur ses côtes, des bases de fusées sol-mer chinoises HY-2 qui peuvent atteindre un bateau à 80 kilomètres de distance. Chacun se protège comme il peut… Le secrétaire américain à l’Énergie, John Herrington, a annoncé qu’en 1995 le monde libre dépendra du Golfe pour 65 % de son pétrole. Pour l’instant, 75 % des exportations pétrolières arabes du Golfe transitent par le détroit d’Ormuz, soit 12 % de la consommation mondiale. Personne ne peut laisser les équipages des tankers se transformer en candidats kamikazes pris en sandwich entre les Exocet irakiens et les Gardiens de la révolution (Pasdarans) ».
Claude Lorieux nous explique toutefois, dans Le Figaro du même jour, que l’engagement des deux Grands dans la région n’a pas des raisons simplement humanitaires ou économiques :
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