Afrique - Afrique australe : les désenclavements sont-ils possibles ? - Au Sénégal, une année charnière
Afrique australe : les désenclavements sont-ils possibles ?
L’Afrique du Sud n’a pas pu empêcher la décolonisation de l’Angola et du Mozambique, pas plus que l’éviction de la communauté blanche, en Rhodésie, de la direction des affaires. Elle aurait peut-être eu la possibilité de retarder ces échéances, ou plutôt de prolonger les incertitudes, en intervenant militairement dans ces pays. Elle aurait alors couru le risque d’une internationalisation ouverte des conflits, comme ce fut le cas en Angola. Elle pouvait craindre également, en lançant des forces opérationnelles en dehors de ses frontières, de diminuer le potentiel de défense de son propre territoire contre d’éventuels troubles intérieurs, durant la période de mutation de ses structures internes que la conjoncture l’obligeait à aborder. Son gouvernement ne l’ignorait pas. Enfin, ayant l’espoir que l’influence américaine aurait incité ses voisins, fraîchement libérés, à adopter des régimes « modérés », elle ne voulait pas gêner, par des actions intempestives, les résultats d’un jeu diplomatique dont elle ne pouvait pas prévoir alors qu’il ne lui serait pas favorable.
Pretoria préféra donc agir de manière indirecte et profiter de l’avantage que lui apportait l’interdépendance économique de son environnement, la dépendance de celui-ci à son égard, ainsi que les situations conflictuelles que les rivalités ethniques entretenaient dans les États au pouvoir trop neuf pour être bien implanté et rendu plus vulnérable encore par la durée et l’intensité des luttes qui avaient précédé l’indépendance. Les dirigeants d’Afrique du Sud sont d’autant plus capables d’adapter leur action aux rapports de forces existant chez leurs voisins qu’ils peuvent consulter des immigrants de fraîche date, connaissant à la fois les problèmes de ces États et les acteurs qui s’affrontent pour les résoudre. Ils se sont efforcés notamment, en vue de neutraliser l’aide que les pays voisins pouvaient apporter aux mouvements d’opposition à l’apartheid, mouvements dont les leaders s’étaient réfugiés dans ces pays, d’accentuer leur dépendance à leur égard, en obligeant leur commerce extérieur à continuer de transiter par les ports sud-africains. Ils apportent, dans ce but, un soutien matériel et moral aux guérilleros en lutte contre les autorités qui se sont installées au pouvoir après l’octroi des indépendances et qui, dans le dessein louable d’unifier leurs nations respectives, cherchent à imposer ou à maintenir des régimes à parti unique.
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