Armée de terre - Satory IX - Les peintres officiels de l'Armée de terre
Satory XI
Placée sous le haut patronage du ministre de la Défense, l’Exposition Satory XI a été organisée par la Délégation générale pour l’armement (DGA) avec le concours de l’État-major de l’Armée de terre et du Comité de liaison des exposants de Satory. Elle a comporté une exposition statique du 22 au 27 juin à Satory, près de Versailles, et des démonstrations de jour et de nuit de tirs et de mobilité militaire au camp militaire de Suippes.
L’exposition statique s’étendait sur près de 28 000 mètres carrés dont 4 000 de halls couverts. Plus de 220 exposants ont présenté 2 400 matériels. Des représentants de 105 Nations avaient été invités, dont 65 délégations officielles, au nombre desquelles des ministres de la Défense, des ambassadeurs, des chefs d’état-major, des directeurs de l’armement, des attachés militaires. Le nombre des entrées a dépassé 40 000, tous spécialistes conviés sur invitation. Une journée avait été spécialement réservée aux représentants de la presse nationale ou spécialisée.
À l’avenir, vu l’ampleur prise par cette démonstration, l’Exposition des armements terrestres de Satory aura lieu en alternance avec le Salon du Bourget et non plus la même année. La prochaine manifestation de ce type se tiendra donc en 1990, puis les années suivantes chaque année paire.
Caractéristiques générales des matériels exposés
L’exposition présentait la gamme complète des réalisations de l’industrie d’armement française destinées aux forces terrestres, pour leur permettre de remplir leurs missions. Étaient ainsi exposés les systèmes d’armes de tous calibres incluant canons, munitions, missiles antichars et antiaériens, ainsi que les équipements qui leur sont associés. Intéressants aussi étaient les divers matériels du domaine de la mobilité, depuis les véhicules tactiques, ceux du génie, les hélicoptères, jusqu’aux chars de tous tonnages. J’ai en particulier noté le char AMX-40, char du désert en raison de son aptitude au combat dans les pays africains et du bassin méditerranéen, avec son canon de 120 millimètres d’une très grande précision, sa lunette gyrostabilisée permettant le tir d’urgence en marche. Les visiteurs se pressaient également autour des matériels électroniques, depuis les équipements jusqu’aux systèmes de transmissions et de commandement en passant par les systèmes de tests.
Les matériels présentés ont fait ressortir, indépendamment des grandes constantes du combat terrestre, un certain nombre de tendances actuelles. En ce qui concerne les armes et les munitions, il s’agit de l’effort porté sur l’armement des chars : conduite de tir jour-nuit, projectiles améliorés ; il s’agit aussi de l’accroissement de la portée, de la précision et des effets terminaux des munitions d’artillerie, du développement des roquettes et missiles antichars de nouvelle génération. Pour ce qui est de la mobilité, l’effort a porté sur la motorisation, la transmission et la suspension, sur le développement de l’aéromobilité et l’aide aux franchissements. Les améliorations relatives à la protection s’appliquent au développement de blindages et surblindages nouveaux et à la protection NBC (Nucléaire, biologique et chimique). Par ailleurs, dans le domaine de l’électronique, il était possible de remarquer l’importance croissante prise par les systèmes de recueil, de transmission et de traitement de l’information et la mise en place dans les forces d’une première génération de vision nocturne à infrarouge thermique. Plus généralement peut être rappelé le rôle croissant de l’électronique dans l’ensemble des systèmes d’armes [guidage des missiles, guidage terminal des munitions, calculateurs, aide au tir comme à l’instruction (simulateurs) et à la maintenance (tests automatiques)], des technologies nouvelles appliquées à la rénovation de matériels français et étrangers, des systèmes de soutien des forces (maintenance, logistique, interopérabilité).
Les démonstrations de mobilité et de tirs
L’exposition de Satory, c’était aussi Suippes. Les démonstrations présentées par la 10e division blindée, en présence du ministre de la Défense André Giraud et du général Chef d’état-major de l’Armée de terre, Maurice Schmitt, étaient destinées à mettre en valeur, dans un cadre opérationnel et aéroterrestre, de jour et de nuit, les capacités d’emploi des matériels et des systèmes d’armes exposés à Satory : mobilité des chars et autres engins blindés, de véhicules tactiques et logistiques, appui aérien tactique (avion et hélicoptère), aérolargage et héliportage, aménagement du terrain, tirs de chars et de missiles (de jour et de nuit), appuis d’artillerie et de mortiers (jour et nuit), observation et tirs de nuit par systèmes infrarouges thermiques, intensification de lumière et éclairage du champ de bataille. Un accent particulier a été mis pour présenter les technologies françaises les plus modernes permettant le combat de nuit. La vision par intensification de lumière, obtenue par des moyens infrarouges thermiques, permet aujourd’hui, dans la nuit absolue, de piloter un hélicoptère, de faire évoluer un char et de tirer au but avec des obus ou des missiles. Étaient également mis en œuvre les systèmes de logistique opérationnelle des carburants (stockage avancé, transports terrestres et aéroterrestres, ravitaillement des unités).
Toutes ces démonstrations présentées en continu étaient commentées avec traduction simultanée à partir de tribunes couvertes équipées de retour d’image sur écran géant pour les tirs de nuit.
Les peintres officiels de l’Armée de terre
Comme la Marine et l’Armée de l’air, l’Armée de terre a toujours eu ses peintres qui, au long des campagnes et des guerres, ont retracé ses actions d’éclat et témoigné de l’existence quotidienne de ses soldats ; l’avènement de la photographie n’a en rien, malgré les apparences, diminué l’intérêt de leur travail pour le prestige de l’armée ; ce n’est pas sans raison que nos voisins britanniques ont embarqué un peintre officiel de leur armée pour toute la durée des opérations aux Malouines.
L’Armée de terre dispose actuellement de 18 peintres de métier sélectionnés au vu d’un dossier retraçant leur passé artistique et après l’examen des œuvres à sujet militaire qu’ils sont invités à présenter à un jury lors d’un salon annuel, qui se déroulera cette année aux Invalides en novembre. Ils sont nommés par le ministre de la Défense, soit à vie pour les plus âgés – les titulaires –, soit pour trois ans renouvelables – les agréés. Ils doivent chaque année présenter un tableau à sujet militaire pour conserver leur titre. En décembre 1987 se tiendra aux Invalides le salon des peintres de l’Armée de terre.
La moitié d’entre eux se consacrent à la peinture d’histoire et à l’uniformologie ; ils sont donc à même d’effectuer des recherches et d’illustrer les pages glorieuses de la vie des unités, de participer à la décoration des salles d’honneur des corps ; ils sont bien sûr aussi à même de satisfaire les collectionneurs amoureux d’histoire militaire. L’autre moitié s’efforce, comme les prédécesseurs, de témoigner de la réalité de l’Armée de terre actuelle : certains d’entre eux iront cette année réaliser des reportages dans le cadre des missions programmées par l’État-major de l’Armée de terre. Leurs travaux peuvent également servir à la décoration des bâtiments militaires, des salles d’honneur ou être repris dans des publications ou des affiches… ♦