De la politique entre les États, principes de diplomatie
M. Alain Plantey, fidèle à la démarche qu’il avait employée dans son important ouvrage sur La négociation internationale (CNRS [Centre national de la recherche scientifique], 1980), s’efforce de dégager, dans ce nouvel ouvrage, un ensemble de principes, de règles de diplomatie. L’objet est clair : il ne s’agit pas d’analyser les relations internationales, les rapports entre États, mais de mettre en lumière les constantes du jeu diplomatique. Le livre se présente comme un traité – à l’image de ceux du XVIIe ou du XVIIIe siècle –, chaque paragraphe s’identifiant à une proposition, parfois à une sorte de loi.
La première partie, « La manœuvre diplomatique », recense les conditions, le cadre de la diplomatie. La deuxième partie, « La communication diplomatique », décrit le fonctionnement même, les codes de la diplomatie. La troisième partie, « L’institution diplomatique », porte sur les spécificités du multilatéralisme, de la diplomatie au sein des organisations internationales. Enfin, la quatrième partie, « La diplomatie de crise », traite des processus de crise et de leur maîtrise.
Ce livre lumineux, au style rigoureux, soulève tout de même une interrogation de fond : l’art diplomatique, même s’il est soumis à un extrême formalisme, peut-il être examiné en soi, indépendamment des réalités historiques, idéologiques, économiques ? M. Alain Plantey, conformément au classicisme austère qui l’inspire, répondrait qu’il est possible et même nécessaire d’extraire du fouillis des événements des constantes, une forme de psychologie diplomatique : sous le caprice des situations, s’exprimeraient des passions éternelles. Certes, mais il demeure qu’aujourd’hui (mais aussi dans le passé, sauf, peut-être, à l’époque du concert européen), le jeu diplomatique, surtout dans nos sociétés occidentales, est envahi, bousculé d’abord par le poids de la place publique, les moyens d’information. L’approche même de M. Alain Plantey donne le sentiment d’une permanence et même de règles du jeu, alors que la puissance peut revenir, de façon éphémère, à celui qui manipule ou brise ces règles.