Correspondant du journal Le Monde à Alger, l'auteur passe en revue les réalités que la récente guerre israélo-arabe a révélées et dont l'Europe des Neuf devra tenir compte dorénavant si elle veut affirmer son identité face aux deux Super-Grands et développer, dans son propre intérêt comme dans celui de la paix, sa coopération sur tous les plans avec les États arabes.
La guerre d'octobre : un révélateur pour l'Europe
Guerre de Kippour pour les Israéliens, guerre de Ramadan pour les Arabes, guerre d’octobre pour les historiens, l’affrontement de l’automne dernier a servi de révélateur dans de nombreux domaines. Il a braqué le projecteur sur des réalités qui paraissaient évidentes mais que bien des observateurs et même des gouvernements s’obstinaient pourtant à ne pas voir ou à ne pas vouloir voir de crainte, sans doute, d’être obligés d’en tirer les conséquences.
Ayant mesuré à ses dépens les inconvénients de l’attentisme en politique, l’Europe des Neuf s’est résolue à prendre les positions que l’on sait sur le conflit du Proche-Orient, justifiant a posteriori les analyses du général de Gaulle auxquelles la pesanteur sociologique européenne avait opposé une indéniable force d’inertie. Ce qui surprend aujourd’hui, face à des événements qui marquent un tournant majeur dans le dernier quart du XXe siècle et font sentir leurs effets sur le destin de l’Europe, c’est la persistance avec laquelle des hommes politiques assumant des responsabilités nationales ou internationales, jugent la situation comme ils l’auraient fait entre 1950 et 1960 alors qu’on attendrait d’eux une vision stratégique de l’évolution du monde d’ici à l’an 2000 ou, plus modestement, à l’horizon « 80 ».
Nous ne prétendons pas dresser ici une liste exhaustive des réalités mises en évidence par la guerre d’octobre et par l’arme du pétrole mais passer en revue celles qui nous paraissent les plus significatives pour l’Europe.
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