« Qu'est-ce que la civilisation ? De quoi étions-nous si fiers, habitants de ce petit cap déchiqueté sur quoi s'est abattue la misère, Juste conséquence de nos guerres incessantes, de nos égoïsmes, terrible témoignage de notre impuissance à gouverner le monde dont pourtant nous nous crûmes un moment les maîtres ? » Ainsi l’historien et philosophe de l’histoire qu’est l'auteur interpellait-il les Européens dans son Essai sur la civilisation d’Occident (T. I : Les hommes; A. Colin, 1950 ; p. 234). À l’époque, l’Europe a peine surgie de ses ruines n’avait encore d’autre unité que celle de la peur. Elle se cherchait, elle se cherche encore. Elle ne se trouvera que dans une civilisation qui ne sera pas seulement économique ou scientifique. À ses peuples il faut rendre une nouvelle espérance et proposer une mission : « civiliser l’Europe pour civiliser le monde ». Mais savons-nous bien ce que c’est que « civiliser » ? L'auteur nous invite à en retrouver le sens dans notre propre histoire. Cet article est la suite d’une conférence qu’il a faite sur ce thème le 19 juin 1973 à l’Institut des hautes études de défense nationale. Lire les premières lignes
Un livre admirable vient de paraître, celui de Pierre Massé : La crise du développement (Gallimard, 1973). Nos lecteurs ont pu en avoir un avant-goût par l'article qu'il a fait paraître sous un titre identique en mars 1973. Nulle lecture, à notre époque de violence et de confusion, n'apporte plus de clarté ni plus d'espérance lucide. Oui, lisons Pierre Massé (Une approche de l'Idée de Plan, l'Univers économique et social, l'Encyclopédie française tome IX : Le Plan ou l’Anti-hasard, Gallimard, 1965 ; Les dividendes du progrès, en collaboration avec Pierre Bernard : La crise du développement, Gallimard, 1973), mais relisons aussi François Perroux dont Indépendance de la nation (Collection 10/13 - 1969) et, plus récemment, Pouvoir et économie (Bordas, 1973) ont jeté les bases d'une théorie des relations de « lutte-coopération » dans les échanges économiques inégaux entre nations ou groupes sociaux. La même éthique inspire les deux penseurs, le même sens des responsabilités du politique et la même finalité attribuée au développement compris comme le « passage pour chacun et pour tous de conditions moins humaines a des conditions plus humaines ». Lire les premières lignes
Le budget des Armées, tel qu'il vient d'être adopté par le Parlement, traduit la volonté du Gouvernement de respecter les objectifs qu'il s'est fixés en matière de défense par la 3e loi de programme dont 1974 sera la 4e année d'exécution et en même temps son souci de revaloriser la condition militaire et d'améliorer les conditions d'exécution du service national.
Correspondant du journal Le Monde à Alger, l'auteur passe en revue les réalités que la récente guerre israélo-arabe a révélées et dont l'Europe des Neuf devra tenir compte dorénavant si elle veut affirmer son identité face aux deux Super-Grands et développer, dans son propre intérêt comme dans celui de la paix, sa coopération sur tous les plans avec les États arabes. Lire les premières lignes
Ce monde désormais fini, plein de violences et de tensions, qu’a-t-il de commun avec celui du Congrès de Vienne et de Metternich auquel le professeur Henry Kissinger consacra jadis sa thèse d’agrégation ? Le Secrétaire d’État américain peut-il espérer y établir un équilibre basé sur la modération des principales puissances ? C’est à de telles questions que répond l'auteur, professeur agrégé de droit. Lire les premières lignes
Pour Bonn la construction de l'Europe passe avant toute idée de réunification. Les courants neutralistes ne risquent pas de l'emporter actuellement, même si l’antimilitarisme et l'objection de conscience fleurissent çà et là dans certains milieux de jeunes étudiants dont l'audience est limitée.
Son industrie brille en maints secteurs, ses athlètes moissonnent les lauriers, sa diplomatie vient de faire une entrée de plain-pied avec l'Allemagne de l'Ouest aux Nations unies. Ces succès de la République démocratique allemande (RDA), qui eût pu les prévoir lors de sa naissance il y a vingt-cinq ans ? L'auteur fait ici un tour d'horizon du second État allemand qui mérite d'être mieux connu en France. Lire les premières lignes
Les déséquilibres démographiques nés d'un exode rural massif et d'un développement industriel et urbain resté longtemps incontrôlé sont à l'origine de la politique d'aménagement du territoire. Les problèmes qui apparaissent aux « interfaces » de l'aménagement du territoire et du développement urbain sont complexes et ne peuvent être résolus d'autorité : problèmes de l'emploi, de la construction de logements, de transports et de communications, de financement, etc., qui nécessitent, dans le cadre d'une politique d'ensemble, au niveau national, une concertation et une décentralisation pour les réalisations à l'échelon régional. Lire la suite
En fournissant à tous les responsables, qu'ils appartiennent au secteur public ou au secteur privé, un langage commun, en leur inculquant des préoccupations convergentes et des attitudes cohérentes face aux problèmes de notre temps, le management, envisagé comme une discipline commune, pourrait devenir un facteur d'unification et de progrès humain de notre société.
Chroniques
Les suites de la quatrième guerre israélo-arabe [NDLR 2023 : guerre du Kippour] ont pris des formes qui affectent directement plusieurs institutions internationales. On aurait pu supposer (en minimisant la valeur de certaines menaces proférées par les « maximalistes » du pétrole) que les Nations unies, après avoir entériné l’accord des États-Unis et de l’Union soviétique pour le cessez-le-feu, se seraient, par référence à leur raison d’être même, présentées comme l’instrument de l’élaboration d’une paix fondée sur le droit à l’existence de l’État d’Israël et sur le caractère légitime de certaines revendications arabes ainsi que sur les conditions de la stabilité dans une région où les tensions présentes se trouvent des justifications dans de vieux antagonismes raciaux et religieux. Elles sont restées pratiquement muettes, acceptant simplement que la conférence envisagée pour les négociations se déroule sous leur égide ou plus exactement, peut-être, sous leur caution morale. Lire la suite
Absents, ou à peu près, des préoccupations de la campagne électorale du début de l’année [NDLR 2023 : les élections législatives ont lieu les 4 et 11 mars 1973], les problèmes de défense sont venus depuis, à maintes reprises, au premier plan de l’actualité : aménagement de la loi sur le Service national à la suite des manifestations contre la suppression des sursis, controverse entre l’Armée et l’Église, mise en question des expérimentations nucléaires, grandes conférences internationales mettant en jeu la sécurité en Europe et la limitation des armements [CSCE, MBFR], coup d’État militaire au Chili (11 septembre 1973), guerre du Proche-Orient [Kippour], rarement en l’espace de six mois on n’a connu une telle densité d’événements de nature à rappeler aux Français que le monde d’aujourd’hui n’était pas près de connaître la paix, et qu’en tout cas on ne pouvait espérer l’acheter à bas prix et de façon définitive. Lire la suite
La section Air du budget des Armées pour l’année 1974 traduit pour l’Air les trois orientations majeures communes aux trois Armées : l’arrêt de la déflation des effectifs, l’amélioration de la condition des personnels, le respect de la 3e loi de programme militaire qui entre dans sa 4e année d’application. Lire la suite
Contrairement à ce qui s’était passé en 1967, les forces navales des belligérants ont été très actives lors du dernier conflit israélo-arabe et, pour la première fois, on a vu s’opposer sur mer des navires armés de missiles. Le détail des opérations n’est pas encore tout à fait connu non plus que les pertes exactes subies par les adversaires. Il est toutefois possible, grâce aux communiqués des belligérants et aux articles parus tant dans la presse israélienne qu’anglo-saxonne, d’en faire un résumé. Mais auparavant il convient de rappeler la composition des forces en présence le 6 octobre ; elle est indiquée dans le tableau 1. Lire la suite
Le 13 novembre 1973, des chefs d’État ou ministres de plusieurs pays africains se sont rencontrés à l’Élysée en présence du président de la République française Georges Pompidou. Ni son objet, ni la nature de ses participants ne permettent de donner à cette réunion un nom plus explicite que celui d’« impromptu de Paris ». Elle ne comptait la totalité ni des membres africains de la zone franc, ni des anciennes colonies françaises, encore moins, bien entendu, celle des pays francophones d’Afrique ; de plus, les débats devaient se dérouler sans ordre du jour détaillé et formel. Mais, comme tout impromptu entend exprimer, sans la contrainte d’une forme exigeante, la pensée de son auteur, la réunion de Paris a été marquée par les intentions profondes de ses initiateurs. Lire la suite
Bibliographie
En observant la vie politique des pays qui se réclament du marxisme-léninisme, on est frappé par le souci permanent de leurs dirigeants de justifier la moindre mesure en la rattachant par des raisonnements subtils et qui nous paraissent souvent emberlificotés à un corps de doctrine considéré comme vérité révélée. De même, chaque événement, chaque idée et chaque œuvre, à l’intérieur des pays ou à l’extérieur, sont appréciés non en fonction de ce qu’ils représentent en eux-mêmes, mais par référence à une certaine évolution jugée seule correcte des modèles fondamentaux. Il s’agit là, évidemment, de la célèbre dialectique marxiste, et l’intention ne nous effleure pas d’en contester, sinon l’intérêt, du moins la valeur historique. Mais, tout de même, on a le droit de penser que l’installation d’un sens unique ou la taxation du lait peuvent se faire sans en imputer la filiation à la pensée de Lénine. Lire la suite
Sous un format pratique et maniable, d’une présentation élégante, ce répertoire de quelque 3 700 personnages historiques constitue une source de références très complète et facile à consulter par les étudiants et, plus généralement, par ceux qui s’intéressent à l’histoire. Les notices biographiques sont concrètes, précises et rédigées avec un souci absolu d’objectivité. Il y a donc là un excellent outil de travail, essentiellement conçu pour faciliter les recherches et gagner du temps. Mais il n’est pas du tout exclu de feuilleter ce petit volume au hasard et sans but précis : on y trouvera toujours matière à réflexion. ♦
L’étude du futur – la « futurologie » comme on a de plus en plus tendance à l’appeler – est maintenant solidement implantée aux États-Unis et commence à exercer ses séductions en Europe, pour le moment encore surtout par l’intermédiaire de traductions. Cette nouvelle discipline, qui se veut scientifique, a commencé par créer son vocabulaire. Au néophyte, ce vocabulaire donne froid dans le dos. En apprenant qu’un certain paradigme se trouve être un instrument heuristique très utile pour la description critique d’une culture sensate, il y a de fortes chances pour que la plupart des lecteurs sentent leur intelligence se recroqueviller. Lire la suite
Un auteur particulièrement doué pour la haute vulgarisation scientifique, un sujet qui ne peut laisser personne indifférent, un style élégant, un vocabulaire précis et accessible à tous, font de cet ouvrage bien documenté, un livre d’une lecture intéressante et agréable. Nous y sommes d’abord confrontés avec nos lointains ancêtres et leur lente évolution par transformations successives. L’hominisation c’est, entre autres choses, la station verticale, le développement de la main et de la parole. Déjà sans doute les australopithèques babillaient mais le véritable langage n’aurait que quelques dizaines de milliers d’années, et la symbolisation environ 15 000 ans. Là commence la civilisation de l’écriture avec ses deux représentations, alphabétique et idéographique, qui vont fixer deux formes de pensées, l’une se développant autour du bassin méditerranéen, l’autre en Chine. Puis l’imprimerie autorisera une transmission fidèle à un plus grand nombre de lecteurs. Le papier, support peu coûteux, va jouer un rôle important. Lire la suite
La conquête de l’Ouest américain a longtemps été présentée comme une des plus exaltantes aventures de l’homme blanc. Plusieurs générations d’historiens ont contribué à mettre en lumière ses aspects héroïques. Plusieurs générations d’écoliers se sont enthousiasmées pour le courage de ces pionniers hardis, épris d’idéal, ouvrant à la civilisation, au péril de leur vie, d’immenses espaces inexplorés, peuplés de bisons et d’Indiens sauvages, rusés et cruels. Ces emballements juvéniles ont donné naissance plus tard à la tradition toujours tenace des westerns. Lire la suite
Les maisons d’édition à grand tirage n’ont pas coutume de lancer leurs ouvrages comme l’a été celui-ci : sous jaquette pelliculée en quadrichromie, sur papier couché 180 gr et avec près de 300 photographies très bien reproduites pour un livre de quelque 300 pages. Il y aurait donc gros à parier qu’une discrète subvention des services de propagande d’un État du Proche-Orient soit à l’origine de tant de soins et de luxe apportés à la présentation. Lire la suite
En suggérant que l’ouvrage de Claude Fohlen pourrait être rangé dans la catégorie des manuels scolaires, nous ne voudrions surtout pas le dévaluer aux yeux de certains lecteurs. Disons donc que c’est un manuel « au niveau le plus élevé ». Il en a les qualités : ordre, méthode, clarté, présentation. Il est accompagné de toutes les « aides » indispensables tant à la compréhension qu’à l’approfondissement des sujets traités : excellents graphiques, tableaux chronologiques, bibliographie et, surtout, documents photographiques saisissants qui donnent de la société américaine une image presque plus vraie que nature. C’est donc un ouvrage de référence éminemment utile et de ceux qu’on aimera posséder dans sa bibliothèque. Mais il se laisse aussi bien lire d’un seul trait, parce que l’auteur est passionné par son sujet, parce que son style clair et précis facilite et agrémente la lecture, et parce que les problèmes qu’il évoque sont des problèmes de civilisation très actuels, qui nous concernent tous et de très près. ♦
On ne saisit pas très bien, au premier abord, à quel souci correspond ce nouveau livre de François Fonvieille-Alquier. Son précédent ouvrage, de cette même série, Les Français dans la Drôle de Guerre pouvait, dans un certain sens, être considéré comme une recherche historique (à vrai dire peu conformiste et fortement moralisante) parce qu’il portait sur une période précise et bien définie dans l’espace et dans le temps. Cette fois, le sujet du livre paraît moins bien cadré. Il s’agit en fait, de la guerre froide, c’est-à-dire d’une température et d’un climat aux limites assez indécises, plutôt que d’une succession d’événements susceptibles d’être groupés, analysés, appréciés et situés par rapport à d’autres dans une perspective historique générale. Lire la suite
Dans les rayons des librairies, ce livre au format de poche attire l’œil de l’historien en quête de nouveautés bibliographiques par un titre en gros caractères : Les causes de la Première Guerre mondiale. Est-ce un écrit du type « cours de Sorbonne » ? Est-ce un nouvel ouvrage polémique s’ajoutant aux nombreuses interprétations déjà formulées au sujet de la crise de juillet 1914 ? Il n’en est rien. Le minuscule sous-titre porté sur la jaquette « Essai d’historiographie » doit donc retenir l’attention. Mais en fait Droz ne nous donne la teneur exacte de son livre qu’au cours de son introduction : les thèses du professeur Fritz Fischer, de l’université de Hambourg, sont à la fois le prétexte et le thème central de cette étude. Lire la suite
Contrairement à ce que pourrait faire croire le titre de cet ouvrage, il ne s’agit nullement ici d’un de ces récits de mystérieuses aventures, mettant en scène « fausses moustaches » et autres « barbouzes », qui prolifèrent depuis la guerre et font la joie des amateurs. Le livre de Roger Gheysens fait plutôt penser à un annuaire administratif, doublé d’un mémento de procédure et illustré de cas concrets et de rappels historiques. Autrement dit, c’est un livre très sérieux, qui utilise avec intelligence et discernement toute la documentation « ouverte » dont on peut disposer sur le sujet, pour nous présenter un tableau complet de l’organisation des services secrets dans les différents pays, et nous éclairer sur les procédés qu’ils emploient et les résultats qu’ils obtiennent… ou n’obtiennent pas. L’auteur est ainsi amené à constater, avec un certain effroi, que « la puissance occulte des services de renseignements des grandes nations est devenue telle qu’ils finissent par peser sur la politique des États au lieu d’être régentés strictement par elle ». Il signale aussi « les risques de pollution des mœurs et de la vie privée que provoque l’espionnage ». Il incite donc à la réflexion sur un problème très concret dont les différents aspects sont trop souvent masqués aux yeux du public par l’attrait du mystère et du mythe. ♦
Le problème des « grandes écoles », celui de Polytechnique en particulier, a souvent été débattu entre les responsables de l’Éducation nationale, les anciens élèves et le pouvoir politique. Une profonde réforme de l’enseignement est intervenue récemment en ce qui concerne l’X. Une autre réforme, lourde de conséquences de tous ordres, le transfert hors de Paris, est en cours. Lire la suite
Une fois n’est pas coutume ! Bien que notre revue n’ait pas l’habitude de signaler à ses lecteurs des ouvrages humoristiques, nous avons pensé que nous pouvions leur recommander celui-ci, qui est fondamentalement drôle et qui distraira de la meilleure façon qui soit tous ceux qui connaissent, peu ou prou, la vie des affaires. Lire la suite
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