Afrique - Afrique du Sud : désir d'évolution perceptible mais toujours contrarié - La République centrafricaine (RCA) sort des turbulences
Le 6 mai 1987, trois millions de Sud-Africains appartenant à la communauté blanche ont élu les 166 députés de leur Parlement. Le Parti national (NP) qui soutient le président Botha, avec 52 % des suffrages exprimés, a renforcé de 6 sièges sa majorité parlementaire ; il a gagné également les 10 sièges qui étaient vacants à la fin de la législature. À sa droite, le Parti conservateur (CP) a lui aussi obtenu 6 députés de plus. Les partis qui se situaient plus ou moins à gauche du gouvernement ont perdu des sièges : 6 pour le Parti fédéral progressiste (PFP), 4 pour le Parti de la nouvelle république (NRP) dont l’électorat est localisé surtout dans le Natal. Un seul parti d’extrême droite, le Parti national rénové (HNP) a perdu l’unique siège qu’il détenait (1). À ces 166 parlementaires, se sont ajoutés 8 députés désignés en fonction du pourcentage des suffrages obtenus par chaque parti et 4 nommés par le chef de l’État.
Dans ses commentaires le gouvernement sud-africain souligna que le NP s’était « recentré », puisque, s’il avait perdu des voix sur sa droite au profit du CP, il avait mordu dans l’électorat du PFP sur sa gauche. Selon lui, son succès serait dû en partie à la position floue du HNP sur les problèmes de sécurité et sur l’orientation marxiste de l’ANC (African National Congress), mouvement noir interdit qui anime le terrorisme. En effet le parti de M. Colin Eglin juge que la tendance prosoviétique de l’ANC n’est pas inéluctable, estimant que celui-ci n’est poussé vers le marxisme qu’en raison de la juridiction sud-africaine et de la méfiance dont font preuve les pays occidentaux à son égard. Toujours d’après Pretoria, la progression du CP, parti créé en mars 1983 à la suite d’une scission du NP, fut causée surtout par l’attitude trop libérale du pouvoir, attitude qui a laissé Mgr Tutu libre de déclencher une campagne qui, non seulement a provoqué les troubles survenus à l’intérieur du pays, mais aussi a permis de justifier, devant leur opinion publique, les sanctions prises par la plupart des pays occidentaux. La position de M. Pieter Botha peut donc être résumée ainsi (et elle n’a pas changé depuis lors) : maintien d’une politique de réformes qui paraît avoir été approuvée par la majorité des électeurs ; renforcement de la sécurité sur le plan intérieur pour tenir compte de la progression des conservateurs et du recul des « progressistes ». Cette attitude pouvait être l’amorce d’une politique cohérente, à la condition que le comportement à venir du gouvernement la rendît crédible.
Sans parler du petty apartheid qui tend toujours à disparaître dans la législation sinon encore dans les mœurs, le « développement séparé » reste placé dans une situation complexe. En reconnaissant à des groupes ethniques, délimités en fonction de la vitalité de leur culture, une existence de nation, une aspiration à l’autodétermination puis à l’indépendance, et en codifiant leurs relations mutuelles pour éviter les heurts et les assimilations, on a favorisé une sorte de décolonisation de la population africaine, comme s’il existait, à l’intérieur de l’Afrique du Sud, une « métropole » à protéger. D’un autre côté, cette « métropole » n’appartient pas exclusivement à la communauté blanche ; elle contient des groupes ethniques différents, les uns minoritaires (Indiens et coloureds), d’autres majoritaires, les Noirs détribalisés. L’évolution constitutionnelle a permis aux premiers de constituer, à côté de la communauté blanche, des « Nations » dotées d’un gouvernement, d’une assemblée et, par ce moyen, de participer directement à la conduite des affaires. Quant aux seconds, ils demeurent attachés juridiquement à leurs bantoustans d’origine, bien que certaines familles en aient vécu éloignées depuis plusieurs générations.
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