Institutions internationales - Le Tiers Monde se dote d'un système de préférences commerciales
Ce mois-ci, du 17 au 21, le Sommet des chefs d’État et de gouvernement des sept pays les plus industrialisés va se tenir à Toronto. Il y sera essentiellement question d’une réforme des politiques agricoles du monde occidental, un sujet d’importance en vue des négociations du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) qui se dérouleront en décembre 1988 à Montréal. La situation n’est pas brillante et la baisse du prix des céréales, 60 % en deux ans, ne profite qu’à l’Union soviétique, voire au Japon, mais aucunement au Tiers-Monde comme on pourrait le penser. Les États-Unis suggèrent de supprimer en dix ans toutes les subventions accordées à l’agriculture, une manière pour eux de s’en prendre à la Communauté européenne accusée d’octroyer indûment des aides à l’exportation. Il est vrai que la perspective de l’élection présidentielle américaine ne favorise pas la compréhension des Américains, qui mènent plus que jamais une politique fort agressive envers la CEE (Communauté économique européenne).
Il faut donc s’attaquer à l’anarchie des marchés et à l’effondrement des cours plutôt que de supprimer inconsidérément les subventions, même si elles ne sont qu’un pis-aller. Les États-Unis veulent reconquérir des parts du marché mondial : la France propose de relever les prix internationaux, afin de dégager des excédents qui seraient alors affectés au développement agricole du Tiers-Monde. Pour être séduisante, la formule n’en reste-t-elle pas moins fallacieuse ?
L’Europe a connu jadis la famine au même titre que le Tiers-Monde aujourd’hui. Elle en est venue à bout par ses progrès techniques (dont disposent actuellement les pays en développement), mais aussi et surtout par sa morale, héritée de Rome et du christianisme : ardeur au travail, goût de l’épargne, respect de la propriété et prééminence des élites. Or, que voit-on dans la plupart des pays du Tiers-Monde ? Des mœurs bien différentes façonnées par l’égalitarisme, un socialisme d’importation véhiculé par un scientisme archaïque, l’abandon de tout sens de l’effort souvent provoqué par une administration paralysante mais ne se privant pas de dépenses excessives, l’envie envers les nations industrialisées, une envie alimentée par une propagande révolutionnaire d’origine rousseauiste ou marxiste. Les pays qui n’ont pas subi cet amollissement des nerfs, qui n’ont pas été contaminés par ces toxines délétères, ont su maîtriser leur développement : il s’agit des nouveaux pays industrialisés d’Asie. Plus que de subventions toujours renouvelées, c’est d’une réforme intellectuelle et morale qu’a besoin le Tiers-Monde.
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