Institutions internationales - L'Europe à la lisière des mondes contraires
Les États-Unis s’insurgent contre le protectionnisme de la Communauté économique européenne (CEE) et celle-ci s’indigne. Avec un peu d’habileté il y aurait là de quoi faire avancer les affaires d’une fédération européenne en soudant les énergies de ses membres. Il faudrait cependant prendre garde de ne pas provoquer de choc avec le monde américain, les affrontements économiques ne favorisant guère la paix. Les bons philosophes vous le diront, le moi doit savoir s’accommoder du non-moi, c’est de règle dans nos sociétés. S’accommoder ne signifie pas enrôler ainsi qu’on en voit surgir la tentation en politique sous le signe de l’ouverture.
Une tentation qu’éprouvent les États-Unis… Lors de la réunion de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à la mi-mai, n’ont-ils pas mené une offensive en règle contre la CEE, exigeant d’elle une élimination totale des subventions à l’agriculture dans un délai de dix ans ? Ce qui nous valut cette ironique réflexion du chancelier britannique, Nigel Lawson : « J’ai de la sympathie pour l’idée qui consiste à se fixer des objectifs ». Le Vieux Monde n’a pas encore perdu sa finesse d’esprit, même dans un pays aussi pragmatique que l’antique Albion !
Toujours est-il que l’OCDE appelle à la déréglementation et à la libéralisation des échanges, tout en admettant que la marge de manœuvre reste bien faible entre croissance et inflation. Le krach boursier de l’automne dernier n’ayant pas eu les graves conséquences qu’on en redoutait, voici que les pays industrialisés se satisfont de l’actuelle stabilité des changes en comptant bien qu’elle va persister. N’est-ce pas oublier que les difficultés subsistent ? Faute de pouvoir corriger les déséquilibres mondiaux en matière commerciale et dans le secteur économique d’une manière générale, les pays industrialisés se contentent de formules ambiguës et semblent bien accorder plus d’importance à l’espoir qu’au réalisme. Une attitude qui, elle aussi, emporte la sympathie…
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