Afrique - Afrique australe : tactiques ou bonnes volontés ? - La réconciliation algéro-marocaine
Afrique australe : tactiques ou bonnes volontés ?
Deux événements récents méritent d’être examinés à la lumière de ce que nous savons des évolutions qui se dessinent depuis plusieurs mois, sinon plusieurs années, en Afrique australe. L’un concerne les rapports de l’Angola avec l’Afrique du Sud, touchant la situation intérieure du premier et le rôle que Luanda peut jouer dans la solution du conflit namibien. L’autre se rapporte au problème constitutionnel de la République d’Afrique du Sud et au comportement que paraît avoir adopté le président Botha pour concilier la montée des influences extrémistes dans la communauté blanche et la nécessité de rompre l’isolement que son gouvernement connaît sur le plan international. Les interdépendances économiques, qui conditionnent les relations de Pretoria et de ses voisins, expliquent l’ambiguïté des rapports réciproques et interdisent l’usage de sanctions et de représailles effectives. De même, la poursuite du dialogue américano-soviétique rend vraisemblables les engagements plus tactiques que sincères de la part non seulement des deux principaux protagonistes, mais aussi de leurs alliés respectifs, que ceux-ci soient conditionnels (c’est le cas de l’Afrique du Sud à l’égard des États-Unis, du Zimbabwe, de la Zambie et du Mozambique vis-à-vis de l’URSS) ou reconnus (tel l’Angola par Moscou). L’observateur doit donc tenir compte de ces contingences et chercher à démêler les positions tactiques du réel bon vouloir ou, tout au moins, de la volonté ferme d’aboutir à un accord. La remarque est particulièrement vraie en ce qui concerne le gouvernement de Pretoria qui sait jusqu’où il peut aller trop loin sans faire basculer une partie déterminante de son électorat et sans porter atteinte à la sécurité de ses ressortissants.
À partir de septembre 1987, M. Chester Crocker, sous-secrétaire d’État pour les Affaires africaines, prenant le relais des bons offices européens, s’est employé à dégager un compromis qui permît l’ouverture de conversations directes entre représentants des gouvernements cubain, angolais et sud-africain, en présence d’une autorité américaine qui servît en quelque sorte de catalyseur permanent. Cette entremise de Washington faisait suite à des pressions américaines s’exerçant alternativement sur Luanda et Pretoria ; la première était caractérisée par l’abrogation de l’Amendement Clarke qui interdisait d’accorder une aide financière et matérielle à l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA), mouvement angolais en rébellion contre le pouvoir central, la seconde par la décision d’exercer des sanctions économiques à l’égard du régime sud-africain, décision toute théorique qui, sans doute, pouvait être atténuée ou rendue plus pénible suivant les réactions de Pretoria aux propositions de la diplomatie américaine. Washington avait tiré les leçons d’expériences passées : Angolais, Sud-Africains et Américains s’étaient déjà réunis à Praia (Cap-Vert) en l’absence d’un représentant des pays de l’Est et sans que le département d’État ait eu la possibilité de peser sur les comportements angolais et sud-africain ; les conversations avaient échoué en partie parce que les Américains ne s’étaient pas donné au préalable le moyen d’agir sur les deux adversaires.
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