Économiste et historien, Edmund Stillman est responsable à Paris de la division européenne du Hudson Institute. Il a dirigé la rédaction d'une étude parue en 1973 sous le titre L'Envol de la France (Éditions Hachette) qui envisage les perspectives favorables pour l'avenir économique de notre pays. Les points de vue et opinions exprimés par l'auteur n'engagent, il le souligne lui-même, aucune instance officielle, ni même la direction du Hudson Institute.
Il est urgent pour l'Europe de prendre en main sa défense
R. — Je vais peut-être vous étonner, mais je crois que l’avenir économique de la France se présente de façon favorable. À court terme sans doute, l’Europe, globalement prise, connaîtra une certaine crise énergétique et par suite une récession économique. Mais la France, tout en en subissant les effets, sera le pays le moins touché d’Europe.
Nous avons, au Hudson Institute, révisé nos chiffres dans cette perspective et avons abouti à la conclusion qu’entre 1974 et 1979, la France gardera, dans l’hypothèse la plus défavorable, un taux de croissance très conservateur, entre 2,5 % et 3 %. De même pour l’Italie. Celui de l’Allemagne sera, l’an prochain, voisin de zéro ou même légèrement négatif, avec —0,4 %. Il est vrai que la récession menaçait déjà l’Allemagne avant la crise du pétrole. Pour l’Angleterre, les perspectives immédiates sont encore plus sombres, mais pour les trois années à venir le taux de croissance pourrait se situer entre 0,5 % et 1 % si la crise énergétique se poursuit. Quant aux États-Unis, pour la même période, le taux de croissance devrait être de 3 %. Ceci ne signifie pas que tout ira pour le mieux aux États-Unis — je reviendrai sur l’avenir des États-Unis dans un instant — mais nous avons la chance d’être assez bien dotés en ressources pétrolières et en autres sources d’énergie, schistes bitumineux par exemple. Nous allons donc devenir rapidement un exportateur important d’énergie et c’est une chance pour nous, car sans cette crise énergétique, l’avenir des exportations américaines était assez sombre en raison de la concurrence de l’Europe et du Japon. Disons-le franchement, ce n’est pas une mauvaise affaire pour nous.
La crise pétrolière est une crise à court terme. Pour nous c’est un problème technologique et les producteurs de pétrole ont eu tort de nous défier sur ce terrain ; il y a bien des choses qui vont mal aux États-Unis, que ce soit en politique ou sur le plan moral : nous avons eu du mal à résoudre le problème de la guerre au Vietnam, nous avons du mal à comprendre le problème noir ; mais un problème technologique, pour nous c’est « du gâteau ». En ce domaine, nous avons fait la preuve de nos capacités ; nous avons fait la bombe atomique, pendant la guerre, en trois ans. Rappelez-vous aussi la crise spatiale en 1957, lorsqu’est apparu le « Spoutnik » et que tout le monde disait : c’en est fini des États-Unis, ils sont dépassés par les Russes. Finalement, nous avons atterri sur la Lune et ce sont les Soviétiques maintenant qui ont des difficultés spatiales. La technologie, c’est notre affaire. Nous allons — le Sénat l’a voté — dépenser 20 milliards de dollars pour rechercher de nouvelles ressources et développer de nouvelles formes d’énergie.
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