Marine - La Marine en 1987 : bilan d'une année d'activité
La première particularité de la Marine est d’agir dans un milieu continu et sans frontières où son déploiement ne souffre aucune autre contrainte que celles d’un milieu vaste et naturellement hostile. L’armée de mer n’assure notre défense ni en Europe ni hors d’Europe ; elle le fait en mer et y défend en permanence nos intérêts, des plus courants comme notre « image de marque » aux plus vitaux que protègent en dernière extrémité nos sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. C’est la raison pour laquelle les heures que nos navires passent en mer traduisent en grande partie le rôle que la Marine joue dans notre défense. Cette chronique se propose d’en dresser le bilan pour 1987.
La défense du large
Le point d’application principal de la force navale est variable selon les circonstances, et peut se trouver plus ou moins éloigné de la métropole sans que cela n’enlève rien à son importance. Si la France de Louis XVI a remporté sa première victoire sur l’Angleterre au large d’Ouessant (27 juillet 1778), c’est en Amérique, au large des caps de Virginie (5 septembre 1781, ou bataille de la baie de Chesapeake), qu’elle a définitivement gagné la guerre. Waterloo (18 juin 1815) n’a été que le coup de grâce porté à un Empire français qui avait été irrémédiablement vaincu à Trafalgar (21 octobre 1805) deux mois avant Austerlitz (2 décembre), bien loin de la métropole. Comme l’écrivit l’amiral Mahan, « les lointains navires d’Albion, mangés d’embruns, sur lesquels jamais la Grande Armée n’avait jeté un regard, étaient le seul obstacle entre Napoléon et la conquête de l’univers ». Lors du dernier conflit, la plus importante bataille dont ait dépendu notre liberté s’est livrée dans l’Atlantique, des Caraïbes à la mer de Norvège. À son terme, les Alliés ont gagné la maîtrise de la mer indispensable à la reconquête du continent européen.
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