Armée de terre - Un nouveau magazine pour l'Armée de terre
La presse militaire compte depuis le 11 janvier 1989 une nouvelle publication intitulée Terre Magazine. Elle a été présentée aux journalistes nationaux lors d’une conférence de presse donnée par le Chef d’État-major de l’Armée de terre (Cémat) Gilbert Forray dans les locaux du ministère de la Défense.
D’un coût annuel de 3 millions de francs pour le budget de communication de l’Armée de terre, Terre Magazine est un mensuel de 36 pages en quadrichromie – dont 6 de publicité – tiré à 60 000 exemplaires et destiné essentiellement aux cadres de contact et aux militaires du rang.
La nécessité de créer ce magazine est née d’un double constat. Tout d’abord, la disparition de Terre-Air-Mer (TAM) en avril 1987 a laissé un vide dans l’information écrite des membres de l’Armée de terre, vide plus ressenti que dans les autres armées dont les services d’information et de relations publiques éditent Cols Bleus ou Air Actualité. Certes, l’Armée de terre possède déjà depuis 1973 un bulletin mensuel, Terre Information, dont le succès est indéniable. Cependant, sa vocation très technique et administrative ne permettait pas de répondre d’une façon satisfaisante au deuxième constat : des études menées depuis douze mois ont fait clairement apparaître au sein de l’Armée de terre un besoin de mieux être informé sur les activités, les expériences et aussi les satisfactions ou les déceptions de chacun.
Il fallait donc créer un lien entre les multiples composantes d’une institution répartie aux quatre coins du monde, lien qui serait aussi une vitrine offerte au public externe.
Il importe ici de s’étendre sur l’extrême variété qui fait la spécificité de l’Armée de terre, sa force mais aussi sa faiblesse si des mesures n’avaient pas été prises pour limiter les effets pervers.
700 stages, 625 000 articles à gérer
Bien sûr, les autres armées, la Gendarmerie ou la Délégation générale pour l’armement (DGA) agissent chacune dans des contextes divers et évolutifs. Mais que dire de l’Armée de terre qui, lors d’une période somme toute banale comme celle qu’elle a connue fin 1988, a veillé sur les réfugiés du Surinam, assuré la sécurité de la base de Kourou, porté secours aux sinistrés de Nîmes ou d’Arménie, reçu le Prix Nobel de la paix au titre de son intervention dans le cadre de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), assuré le remplacement des transports urbains à Paris ? Bien sûr, pendant la même période, elle participait à des exercices bilatéraux en Europe avec les Allemands, à Porto Rico avec les Américains, en Afrique avec les Sénégalais et les Ivoiriens… tandis que ses chars continuaient à s’entraîner au camp de Canjuers et que ses fantassins inauguraient les nouvelles installations du Centre d’entraînement de l’infanterie au tir opérationnel (Ceito) au Larzac.
Pour mener à bien des missions dont la diversité n’étonne plus personne, l’Armée de terre met en œuvre des matériels de plus en plus spécifiques, ce qui exige une extrême variété dans les types de formation dispensés. Ainsi enseigne-t-elle 370 spécialisés dans 700 stages et son service central des approvisionnements gère 625 000 références d’articles à comparer aux 70 000 de Renault, aux 170 000 de la SNCF et aux 460 000 de l’Armée de l’air. La multiplication des activités, en 1988 s’est traduite par 180 000 heures de vol pour ses 600 hélicoptères et 470 millions de kilomètres parcourus par ses véhicules.
Il faut de plus placer tout cela dans le cadre d’une évolution technologique sans précédent qui se répercute sur son organisation, son recrutement, ses structures. Il n’est pas exagéré de dire que le futur hélicoptère de combat ressemble autant à la « bonne vieille Alouette » que le Rafale au Potez 25. Le char Leclerc, quant à lui, sera à l’AMX-30 ce que l’AMX-30 a été au char Renault.
Attention : effets pervers !
Des missions, des matériels et des formations de plus en plus diversifiés, des activités qui se multiplient, une évolution technologique qui s’accélère, tout cela se traduit par une extrême variété des hommes et des femmes qui servent l’Armée de terre, d’autant plus qu’elle renouvelle 62 % de ses personnels tous les ans, et parmi ceux-ci, 85 % de ses personnels d’exécution, dont la moyenne d’âge est de 20 ans.
S’il est sûr que la variété représente toujours un potentiel d’enrichissement mutuel, il est cependant vite apparu qu’il fallait prendre garde aux effets pervers d’un tel éclatement. Entre l’informaticien et le fantassin, le pilote d’hélicoptère de combat et le pilote de char, le responsable des approvisionnements, le spécialiste de la communication audiovisuelle ou le moniteur commando, le dialogue n’est pas toujours facile. Le temps, l’espace, la géographie, le terrain n’ont pas la même signification selon que l’on se déplace à 400 ou à 4 km/h. De plus, l’accélération du progrès technique ne laisse plus le loisir de se préoccuper sérieusement de ce que fait le voisin, et les motivations au travail ne sont pas les mêmes selon les origines ou le contrat signé avec l’institution.
Il importait donc de prendre rapidement en compte ces paramètres pour aider l’Armée de terre à réunir ses membres autour d’un élément concret. Le magazine d’entreprise répond traditionnellement à cette vocation, et il était paradoxal de constater que l’organisation la plus diversifiée à travers la multiplicité de ses composantes et de ses missions ne possédait pas de revue propre ayant vocation d’intégration.
Ce vide est désormais comblé. ♦