Institutions internationales - L'Europe en froid avec ses électeurs et avec Londres - L'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO)
L’Assemblée européenne a certainement son compte de sièges pourvus mais, comme le maréchal Soubise pour son armée, elle cherche ses électeurs ; car, exception faite des pays où le vote est obligatoire, le scrutin du 18 juin 1989 pâtit d’un taux d’abstentions assez remarquable. Il atteint un niveau record en Grande-Bretagne (64 %) où l’on peut dès lors s’interroger sur la signification de la victoire des travaillistes. Faut-il y voir, comme on le dit, un désaveu de Mme Margaret Thatcher, alors qu’il est probable que nombre de conservateurs, hostiles aux ambitions de l’Assemblée européenne, ont manifesté leur dédain à son endroit plutôt que leur déception de la politique suivie par le 10 Downing Street ? De surcroît, il n’est aucunement assuré que le Premier ministre de Sa Majesté soit tellement fâché de voir ses parlementaires travaillistes émigrer vers Strasbourg !
Le nombre des abstentions est tel que les journaux, à commencer par Le Monde, ont pris soin de ne pas les consigner dans les tableaux récapitulant les résultats. Le lecteur n’a donc droit qu’aux pourcentages que s’arrogent les différentes formations. Et pourtant, si comme on l’assure depuis 1979 l’Assemblée des « Douze » est le creuset où se façonne une conscience commune, est-il permis de négliger sans autre forme de procès l’attitude des récalcitrants ? Certes Dante rejetait même de son Enfer ceux qui avaient refusé de prendre parti, mais en la circonstance il ne s’agit pas de poltrons.
La première explication tient à la médiocrité de la campagne électorale. Pour les uns, elle se résumait à un appel insistant à la sentimentalité et Mme Simone Veil en a fait les frais ; pour les autres, les arguments tirés du fonctionnement des institutions européennes apparaissaient proprement surréalistes et ne pouvaient convaincre le citoyen « lambda » de son intérêt à se prononcer alors qu’il fait confiance à son gouvernement pour accommoder au mieux la protection de son sort et les objectifs que vise la communauté. Et nous tenons là une autre explication. Sans doute est-elle moins évidente que la première, mais peut-être s’enracine-t-elle davantage dans la conscience populaire. Manifestement les discours pédagogiques sur l’Europe n’ont pas été suffisamment persuasifs. Au cours des derniers mois, certains sondages n’ont-ils pas fait apparaître combien le citoyen en venait à se méfier d’une construction européenne dont les rouages constituent une nouvelle bureaucratie ?
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