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  • Revue n° 715 Janvier 2009
  • Aristote au Mont Saint-Michel, les racines grecques de l’Europe chrétienne

Aristote au Mont Saint-Michel, les racines grecques de l’Europe chrétienne

Claude Le Borgne, « Aristote au Mont Saint-Michel, les racines grecques de l’Europe chrétienne  » Revue n° 715 Janvier 2009 - p. 183-184
Auteur(s) de l'ouvrage : Sylvain Gouguenheim Seuil, 2008 ; 280 pages

Aristote au Mont Saint-Michel, les racines grecques de l’Europe chrétienne

Il y a le livre de Sylvain Gouguenheim, il y a l’affaire Gouguenheim. L’affaire est aussi intéressante que le livre. Celui-ci traite, comme l’indique le titre, des racines grecques de l’Europe chrétienne et plus particulièrement, comme le titre ne l’indique pas, du transfert de l’héritage culturel grec à l’Europe médiévale par le canal arabe et andalou. C’est ce dernier point qui fait débat. Il a suscité la colère de dizaines d’universitaires contre leur collègue, cible d’un harcèlement digne des procès rouges.

De quoi s’agit-il ? De ce que Gouguenheim, en effet, a « cassé la baraque », du moins l’a sérieusement écornée. La baraque en question, c’est, dit-il, « l’image biaisée d’une chrétienté à la traîne d’un islam des Lumières, auquel elle devrait son essor, grâce à la transmission d’un savoir grec dont l’époque médiévale avait perdu les clés ». Ce « parti pris idéologique » assez récent occulte quelques vérités majeures. Une clarification a donc paru nécessaire à Sylvain Gouguenheim dont l’ambition, modeste, est de « mettre à la disposition du grand public les travaux des érudits ». Si l’auteur est un authentique médiéviste, professeur à l’ENS de Lyon, il ne se tient pour spécialiste ni de l’islam ni de la transmission de l’héritage grec. Suivons donc ce modeste en son argumentation, que cinq chapitres ordonnent.

1. Dans l’Europe des premiers siècles subsistent, « foyers épars dans un vide immense », quelques noyaux grecs : en Sicile, en Italie du Sud, à Rome. Au Nord cependant, le souvenir de la culture antique reste vivace et le désir de Grèce manifesté par les Carolingiens, de Pépin le Bref à Charlemagne, suscitera une première « renaissance ». Au XIIe siècle, les traductions d’Aristote, faites directement du grec au latin, verront le jour au Mont Saint-Michel – on y reviendra – mais aussi dans la France du Nord et en Angleterre.

2. C’est pourtant l’Orient qui fournira au savoir grec le cadre efficace de sa survie : à Byzance sans doute, mais aussi dans l’Orient asiatique et bientôt musulman, grâce aux travaux « gigantesques et méconnus » des chrétiens syriaques, tant traducteurs que savants. Dès la fin du IVe siècle on s’attache à traduire Aristote, besogne qui sera poursuivie jusqu’au XIe. Ce n’était pas en effet une mince affaire que cette acrobatie linguistique, passant du grec au syriaque et du syriaque à l’arabe en attendant l’aboutissement européen, de l’arabe au latin. Traducteurs, les Syriaques étaient aussi créateurs ; la médecine arabe, justement réputée au temps des Abbassides, fut, pour l’essentiel, leur œuvre et les califes de Bagdad confiaient le soin de leur santé aux mains expertes de la famille des Bakhtîshu, médecins de père en fils.

3. Justice rendue aux chrétiens syriaques, c’est aux « moines pionniers » d’Occident que le justicier Gouguenheim rend ensuite hommage, et au premier d’entre eux, « Jacques de Venise, dit le Grec, philosophe », ainsi que se présente lui-même cet homme dont on sait peu. On sait peu de chose de sa personne, mais beaucoup de son œuvre puisque les manuscrits de ses traductions d’Aristote sont conservés à la bibliothèque municipale d’Avranches. Or, voici l’important, son travail fut effectué dans le deuxième quart du XIIe siècle, directement du grec au latin, les premières traductions espagnoles, faites de l’arabe au latin sous l’impulsion de l’archevêque Jean de Tolède (1152-1166), n’étant pas encore parvenues en Europe du Nord (1). Plusieurs dizaines d’années (peu sans doute, mais essentiel pour la thèse de l’auteur) séparent donc les deux latinisations de l’héritage aristotélicien. Les traductions de Jacques de Venise étaient diffusées au XIIIe siècle en plusieurs centaines de manuscrits ; un véritable engouement pour la philosophie grecque est ainsi attesté, que ne réussirent pas à freiner les réticences de la papauté envers les livres naturalistes d’Aristote et sa Métaphysique.

4. Le savoir grec retrouvé en Occident latin, quel fut son sort au pays dont on dit, non sans raison, qu’il nous revint ? Sans peur, Gouguenheim conteste que la mise à la disposition des locuteurs arabes, par les Syriaques, dudit savoir ait engendré un « Islam des Lumières ». C’est que dans les débuts de la religion nouvelle, la fixation du texte coranique accapare les esprits et que le savoir grec a été soumis au crible musulman. Le concept de ‘ilm, traduit souvent par « science », ne concerne que la science coranique et c’est dans ce seul registre que la logique trouva application, fût-elle maniée par les praticiens du kalam ou les mu’tazilites. On ne s’étonnera donc pas que la théodicée naturelle d’Aristote ait répugné aux ulémas. Elle répugna tout autant à l’Église chrétienne ; mais celle-ci eut son Thomas d’Aquin ; point de Thomas en islam ! En résulta que la réappropriation du savoir grec en Occident fut proprement bouleversante ; alors qu’en Islam on ne prit d’Aristote que sa logique, et que son influence fut nulle sur la politique, la morale… et la métaphysique.

5. Faisant un pas de plus dans ce que ses adversaires jugent provocation, l’auteur aborde, en un dernier chapitre, les « problèmes de civilisation ». Les Européens doivent presque tout aux Grecs, les musulmans presque rien. C’est la curiosité qui fait le partage. L’Islam se suffit à lui-même, l’Occident est toujours en recherche. L’incompatibilité a un fondement religieux : la lettre du Coran est complète, indépassable, rien à en dire ; notre Bible « raconte des histoires », on peut causer.

Revenons, pour finir, à la querelle dont nous disions en commençant qu’elle était aussi intéressante que le livre qui l’a suscitée. Sans doute peut-on reprocher à Sylvain Gouguenheim de trop abaisser les mouvements intellectuels des premiers siècles de l’islam, et notamment celui du mu’tazilisme, dont le retour actuel dans la communauté musulmane est prometteur. Mais son propos est solidement étayé et constitue une saine réaction à un islamiquement correct poussé par l’air du temps. Il semble que ce soit Le Monde qui, sous la signature de Roger-Pol Droit, ait mis le feu aux poudres. Que notre grand quotidien, dont on connaît l’orientation politique discrète, ait loué le livre de Gouguenheim, c’en était trop pour les plus militants de nos universitaires. ♦


(1) Tolède fut reprise aux Arabes par Alphonse VI en 1085.

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