Défense dans le monde - URSS : la difficile question du maintien de l'ordre
Lors des derniers troubles survenus en Transcaucasie, notamment ceux de décembre 1989 et janvier 1990 en Azerbaïdjan, les Soviétiques ont dû, pour rétablir l’ordre, faire appel à des régiments des différentes divisions aéroportées et rappeler des réservistes. Il est donc apparu à cette occasion que l’URSS ne disposait pas en nombre suffisant d’unités spécialisées dans le maintien de l’ordre et qu’il ne lui était pas non plus possible de faire appel pour cette tâche aux unités locales du corps de bataille.
L’emploi des forces armées en maintien de l’ordre a suscité des protestations dans la presse soviétique sur les plans du principe et de l’efficacité (1). Après avoir rappelé quels sont les organismes normalement chargés du maintien de l’ordre en Union soviétique, puis la part que peuvent y prendre les forces armées, on évoquera le problème du vide juridique actuel dans ce domaine.
La sécurité intérieure du territoire de l’URSS relève du ministère de l’Intérieur (MVD) qui dispose de la milice et des troupes du MVD. La milice est subordonnée au ministère de l’Intérieur de la république considérée, dépendant lui-même du ministère de l’Intérieur de l’URSS ; sa dépendance à l’égard du MVD de Moscou est donc indirecte. Elle assure les fonctions de police criminelle, urbaine, rurale ; elle est également chargée de la circulation. Elle agit en premier degré d’intervention. Certaines de ses unités ont été dotées en 1988 d’un équipement de maintien de l’ordre qui demeure limité au niveau individuel. Elle peut être renforcée par des volontaires bénévoles appelés « droujinniki ». La milice peut contrôler des manifestations de masse non violentes, mais ne peut intervenir en force. Lors de troubles du type de ceux de Transcaucasie, d’essence nationaliste et interethnique, elle est totalement inutilisable, car ses membres sont de recrutement local. Ainsi, en Géorgie, lors des graves événements d’avril 1989, des miliciens sont intervenus, contre les unités de l’armée, pour tenter de protéger les manifestants géorgiens. Un reportage récent sur les événements de Bakou posait bien la question en donnant la parole à un journaliste de la ville : « Il était inconcevable qu’un Azéri tire sur un autre Azéri pour défendre un Arménien » (2). En conséquence, on a désarmé les miliciens.
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