Faits et dires
* Le président François Mitterrand a chargé le ministre de la Défense, Jean-Pierre Chevènement de préparer des propositions précises qui devront être présentées d’ici à la fin de l’année en vue d’assurer, à l’horizon du prochain siècle, l’avenir de la dissuasion française et le maintien de sa crédibilité.
Communiqué de l’Élysée, le 19 octobre 1990
* Nous ne devons pas, et nous ne pouvons pas, faire fluctuer notre doctrine et notre effort de défense au rythme des secousses périodiques de l’environnement international et des humeurs du moment : la politique de défense de la France ne peut être conduite que dans la durée.
M. Jean-Pierre Chevènement, à la Tribune de l’Expansion, le 17 octobre 1990
* Sans la base structurelle constituée par la politique de sécurité de l’Alliance atlantique et, aujourd’hui comme hier, sans son important facteur stabilisateur, tout système global de sécurité se verrait voué à l’échec. Les constructions de sécurité collective générales, dans lesquelles, par définition, chacun est l’allié de chacun sans lien privilégié avec quiconque, se sont toujours révélées instables au cours de l’histoire : celui qui est fort et sans scrupules y a toujours l’avantage sur un faible privé d’alliés solides. Rappelez-vous donc l’expérience de la Société des Nations dans l’entre-deux-guerres.
Gerhard Stoltenberg, ministre fédéral de la Défense de Bonn,
devant l’Académie militaire hongroise
* Chronologie des événements dans le Golfe (suite) :
1er octobre 1990 : le président George H.W Bush intervient devant l’Assemblée générale de l’Onu (Organisation des Nations unies) : à l’issue du départ inconditionnel de l’Irak du territoire koweïtien, je pense qu’il peut y avoir des occasions pour l’Irak et le Koweït de résoudre leurs divergences de façon permanente.
4 octobre 1990 : à Amman en Jordanie, le premier vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz, affirma que l’Irak préfère la guerre plutôt que de capituler face à une puissance étrangère.
Le président François Mitterrand achève une visite de 36 heures dans le Golfe au cours de laquelle il a fait le point avec les dirigeants des Émirats arabes unis et d’Arabie Saoudite. De part et d’autre, on fait état d’une parfaite identité de vues.
5 octobre 1990 : intervention de l’Irak devant l’Assemblée de l’Onu. Le message du ministre des Affaires étrangères, M. Tarek Aziz, dénonce la résurgence de l’impérialisme occidental sous le leadership des États-Unis.
8 octobre 1990 : le Premier ministre japonais, M. Toshiki Kaifu, achève une visite de quatre jours dans le Golfe, manifestant ainsi sa solidarité avec les forces occidentales.
Le président François Mitterrand, à l’issue du sommet franco-italien, relance l’idée d’une conférence internationale.
9 octobre 1990 : dans un message lu à la télévision irakienne, le président Saddam Hussein appelle les Arabes à libérer Jérusalem (où de violents affrontements ont eu lieu la veille, faisant 21 morts palestiniens) et annonce que l’Irak est parvenu à fabriquer un nouveau missile d’une portée de plusieurs centaines de kilomètres.
13 octobre 1990 : au Liban, les forces syriennes lancent l’assaut contre le réduit chrétien du général Michel Aoun qui se réfugie à l’ambassade de France.
14 octobre 1990 : le ministre irakien de l’Information Mohammed Said al-Sahhaf, réaffirme avec force que le Koweït restera le 19e gouvernorat de l’Irak. Au même moment, l’émissaire soviétique à Bagdad, M. Ievgueni Primakov, laisse entendre que l’Irak accepterait un retrait partiel du Koweït.
15 octobre 1990 : le chef de la diplomatie soviétique, M. Edouard Chevardnadze, déclare devant le Soviet suprême que l’URSS (Union soviétique) n’a aucune intention de participer à des opérations militaires. Dans une cinquième conférence de presse, le président François Mitterrand, évoquant la situation au Liban, au Koweït et en Cisjordanie, souhaite que les Nations unies orientent les débats vers une conférence internationale.
16 octobre 1990 : le secrétaire d’État américain, M. James Baker, fait savoir que Washington ne se satisferait pas d’une évacuation partielle du Koweït.
18 octobre 1990 : à Washington, l’émissaire spécial du président Mikhaïl Gorbatchev pour la crise du Golfe, M. Ievgueni Primakov, exclut tout marché qui récompenserait l’Irak pour un éventuel retrait de ses troupes du Koweït. Reçu le lendemain à la Maison-Blanche, il s’entendit réaffirmer par le président George H.W Bush qu’il ne pouvait y avoir de compromis et que l’option militaire n’était pas exclue.
22 octobre 1990 : sur Antenne 2, M. Jean-Pierre Chevènement rappelle qu’une action militaire ne peut dépendre que de l’Onu, soulignant au passage que les risques de guerre lui semblent plus grands que les chances de paix.
23 octobre 1990 : le Parlement irakien approuve la proposition du président Saddam Hussein de libérer tous les otages français retenus en Irak et au Koweït. Le chef de la diplomatie irakienne explique que « la France déploie des efforts déclarés et non déclarés dans la recherche d’un règlement pacifique ». Le lendemain, M. Michel Rocard, Premier ministre de la France, réaffirme l’exigence de la France d’une libération de tous les étrangers.
25 octobre 1990 : le secrétaire américain à la Défense, M. Dick Cheney, évoque l’éventualité d’un renfort de cent mille hommes dans le Golfe.
26 octobre 1990 : le département d’État américain lance une mise en garde contre des actions terroristes visant les intérêts occidentaux. À Bagdad, M. Tarek Aziz, chef de la diplomatie irakienne, accuse Londres et Washington de vouloir empêcher une solution arabe.
27 octobre : le président George H.W Bush confirme que les États-Unis vont renforcer leur potentiel militaire dans le Golfe, précisant qu’ils ne recherchaient pas la guerre, mais qu’ils étaient plus que jamais déterminés.
À la demande du délégué soviétique, les Nations unies reportent le vote d’une nouvelle résolution condamnant l’Irak pour ses exactions au Koweït. Le Conseil de sécurité adoptera sa résolution 674 le 29 octobre, faisant rappel des précédentes résolutions et ajoutant que l’Irak sera tenu pour responsable des dommages subis par le Koweït, les pays tiers ou leurs ressortissants.
28 octobre 1990 : en visite à Paris, M. Mikhaïl Gorbatchev préconise la convocation d’une conférence interarabe.
30 octobre 1990 : retour à Paris des Français retenus en otages. Le président Saddam Hussein invite ses forces au Koweït à se préparer contre une prochaine attaque américaine, tandis que le président George H.W Bush affirme que sa patience diminue et qu’il exclut moins que jamais une intervention militaire.
31 octobre 1990 : en Virginie, le président George H.W Bush assure qu’il en a assez de la brutalité avec laquelle sont traités les diplomates américains au Koweït. Israël critique Washington pour sa volonté de maintenir une coalition arabe. À Bagdad, le gouvernement offre des visas aux parents des otages occidentaux pour venir passer les fêtes de fin d’année en Irak. ♦