Armée de terre - Le recrutement des officiers de réserve en situation d'activité (Orsa)
Après trois réformes majeures en 1967, 1975 et 1983, se traduisant à chaque fois par des réductions d’effectifs significatives, l’Armée de terre devra sans doute faire face bientôt à une nouvelle compression, alors que surviennent dans son organisation et ses techniques des transformations importantes.
Le projet « Armée 2000 » est déjà expérimenté dans la Ve région militaire. L’arrivée prochaine de nouveaux matériels : le système Leclerc, le Hadès, le LRM (Lance-roquettes multiple), l’hélicoptère Tigre, le système informatisé du commandement, exigera un recrutement de techniciens de pointe dans une armée dont l’encadrement était considéré jusqu’à ce jour, et un peu abusivement, comme plutôt littéraire.
Ces raisons obligent la direction des personnels de l’armée de terre à repenser son système de recrutement en l’assouplissant. La voie noble de l’ESM (École spéciale militaire de Saint-Cyr) et l’EMIA (École militaire interarmes) sera donc de plus en plus complétée par celle des Orsa.
Plus claires, plus attractives
Cette formule a l’avantage de procurer plus de souplesse à la gestion en privilégiant les carrières courtes. L’Armée de terre gérait en 1989, 1 800 Orsa. Leur nombre devrait être porté à 2 200 en 1992, soit plus de 10 % de l’effectif des officiers. Il était important, pour atteindre cet objectif, de rendre les carrières Orsa plus claires et plus attractives. Dans cette perspective, trois axes ont été retenus : différencier nettement les filières possibles ; offrir la garantie d’acquérir une formation ou de poursuivre celle déjà acquise lors des premières années de service ; faciliter le retour à la vie civile grâce à une formation adaptée.
Après une période probatoire de 3 ans comprenant 1 an de service national complété par un contrat VSL, puis par un contrat court d’Orsa (1 an), le candidat pourra choisir entre quatre filières en fonction de ses capacités, de ses objectifs et des besoins de l’Armée de terre.
Encadrement des formations
La première offre la perspective de devenir officier de carrière par concours à l’EMIA, à l’EMCTA, ou par intégration en tant qu’officier de réserve en stage d’épreuve dans le cadre d’un contrat de 4 ans non renouvelable. En cas d’échec, le candidat sera orienté vers un retour à la vie civile ou vers une carrière de sous-officier.
La deuxième filière, qui, comme la première, est destinée à alimenter l’encadrement des formations, mais en tant qu’officier subalterne, est suivie dans le cadre d’un contrat de 8 ans renouvelable. Elle s’ouvre aux candidats de niveau minimum bac + 2. La carrière courte de l’Orsa débute alors par 1 an de formation en école d’application des officiers de carrière. Il aura ensuite la possibilité de commander une unité élémentaire après avoir été chef de section ou de peloton. Lui sera offert enfin, soit de renouveler son contrat, soit de bénéficier de 1 ou 2 années de préparation à la reconversion, dégagé de toute obligation de service.
Filière de spécialités
Les candidats titulaires au minimum d’un Deug, scientifique de préférence, pourront acquérir une spécialité dans le cadre d’une troisième filière avec également un contrat de 8 ans renouvelable. Les études déjà engagées dans le civil seront immédiatement complétées par une scolarité universitaire, ou en école d’ingénieur, pendant les 2 premières années de service, à l’issue desquelles elles seront sanctionnées par diplôme technique. L’Orsa de cette filière sera ensuite employé exclusivement dans sa spécialité et deviendra officier supérieur. L’expérience acquise sera directement exploitable pour sa reconversion, si son contrat n’est pas renouvelé.
Enfin, pour ceux d’un niveau bac + 1 minimum, la quatrième filière proposée est semblable à la troisième précédée toutefois d’une période de mise à niveau et de préparation à la scolarité du diplôme technique. Dans le cadre de cette filière, le passage au grade d’officier supérieur sera bien sûr globalement moins rapide que dans la précédente.
Sont également associées à cette réforme des mesures incitatives d’ordre financier. En plus de la formation rémunérée adaptée à la reconversion, une prime, dont le montant n’est pas encore défini, sera attachée aux différents types de contrat. Par ailleurs, à partir de 15 ans de service, l’Orsa fera le choix entre un pécule à jouissance immédiate et une retraite à jouissance différée à l’âge de 50 ans.
Ces nouvelles mesures visent naturellement à valoriser les carrières courtes. Trop souvent dans l’ancien système, la non-activation était considérée comme un échec ; elle devient maintenant un choix. La formule est excellente, mais suffira-t-elle à changer les mentalités ? Ou bien s’engagera-t-on encore longtemps dans l’espoir de « faire carrière » ? Là est la question ! ♦