Afrique - Corne orientale : des liens se renouent, les problèmes demeurent
Les pays de la corne orientale de l’Afrique présentent la particularité, tout en continuant à jouer un rôle important dans la politique continentale, d’être impliqués dans l’équilibre du Proche-Orient et dans celui, plus spécifique encore, des pays riverains de la mer Rouge, « Méditerranée de la nation arabe ». De ce fait, plus que dans d’autres régions, ils ont provoqué la rivalité des grandes puissances, rivalité qui, s’ajoutant aux affections chroniques qu’ils avaient à soigner, en intensifiait les crises et leur donnait une dimension idéologique difficilement évitable.
On transformait ainsi des problèmes, qui opposaient traditionnellement les pays, en affaires qui ne pouvaient être résolues sans une négociation mondiale. Le désir d’unification des tribus somalies, la volonté de l’Éthiopie d’accéder à la mer libre, la lutte menée par les communautés coptes des hautes terres éthiopiennes pour conserver leur identité culturelle, la poussée de l’islam dans des ethnies noires dépendant d’Addis-Abéba ou constituant l’environnement africain du massif abyssin, avec une zone d’instabilité plus marquée dans la haute vallée du Nil, c’est-à-dire au Soudan méridional voire en Ouganda, tous ces problèmes ne sont pas nés d’un affrontement américano-soviétique, mais ils ont conduit certains pays à adopter des régimes qui conditionnaient non seulement leur politique intérieure mais aussi leur développement économique. L’ensemble régional de la corne est donc concerné, plus que les autres parties du continent africain, par le rapprochement de Washington et de Moscou et par les effets de la crise que traverse la Ligue arabe après l’invasion du Koweït par l’Irak.
La corne orientale de l’Afrique forme la côte méridionale du golfe d’Aden qui, par le détroit de Bab-el-Mandeb, offre à la mer Rouge une ouverture sur l’océan Indien. Elle comprend trois États : l’Éthiopie qui doit combattre, en bordure de cette mer, les rebelles de l’Érythrée, la Somalie qui a toujours contesté aux dirigeants d’Addis-Abéba la possession de l’Ogaden, et Djibouti, pas tout à fait érythréen, pas entièrement somali et pas du tout éthiopien bien que ce territoire indépendant représentât encore le plus sûr débouché de l’Éthiopie. Les problèmes que connaissent ces trois pays, du fait de leur position géographique, ne peuvent être dissociés de ceux des Yémen qui occupent la rive opposée de la mer, du détroit, du golfe, et par l’intermédiaire desquels les rivalités du Proche-Orient peuvent s’affronter chez eux.
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