Faits et dires
• À notre avis, la justification la plus complète et la plus solide de l’intervention française dans le Golfe a été avancée par le président Mitterrand dans sa conférence de presse du 19 décembre 1990 : « La France, fidèle exécutante des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et soldat du droit, accomplira le devoir qui est le sien. Et d’abord un premier devoir national d’intérêt majeur : sa présence est un des éléments de sa permanence dans le monde. Elle dispose d’un statut éminent. La France est l’un des cinq pays qui proposent et l’un des quinze qui décident, elle est présente, quel que soit le sujet, quel que soit le moment. Donc il faut que la France soit également présente dans toutes les grandes décisions qui engagent l’avenir du monde. Lorsqu’il s’agit de problèmes centraux, qui commandent tous la suite des choses dans l’ordre des nations, alors la France doit tenir son rang ».
• L’union politique (européenne) devrait inclure une véritable politique de sécurité qui mènerait à terme à une défense commune. Nous proposons que la conférence (de Rome) étudie comment l’Union de l’Europe occidentale (UEO) et l’union politique pourraient établir une relation organique claire, et comment l’UEO, rendue plus opérationnelle, pourrait faire partie à terme de l’union politique et élaborer pour le compte de celle-ci la politique de sécurité commune.
Président Mitterrand et chancelier Kohl dans leur lettre à M. Andreotti,
président du Conseil des ministres italien, début décembre 1990
• Il ne saurait y avoir de sécurité commune sans union politique au niveau européen.
M. Michel Rocard, Premier ministre, le 10 décembre 1990,
devant l’Institut d’études de sécurité, rattaché à l’UEO
• Chronologie des événements dans le Golfe (suite) :
1er décembre 1990 : l’Irak accepte officiellement l’offre de discussion avancée la veille par le président George Bush.
3 décembre 1990 : alors que M. Saddam Hussein, dans une interview à Antenne 2, souhaitait que les discussions aient lieu en présence de représentants de la France, le gouvernement américain précise qu’elles ne pourront être que bilatérales. Le lendemain, les Douze manifestent leur désir d’être associés aux discussions.
6 décembre 1990 : le président Saddam Hussein fait part de son intention de demander au Parlement irakien de libérer sans conditions tous les otages étrangers retenus en Irak et au Koweït. Le Parlement entérinera cette décision le lendemain.
7 décembre 1990 : les États-Unis annoncent le retrait de leur personnel diplomatique du Koweït.
11 décembre 1990 : le président algérien, Chadli Bendjedid, commence à Amman une tournée en vue de trouver une solution arabe au conflit.
12 décembre 1990 : le ministre israélien de la Défense, Moshe Arens, déclare que l’armée israélienne est prête à une guerre contre l’Irak. M. George Bush s’irrite des tergiversations de Bagdad sur les dates de voyage de M. Tarek Aziz, ministre irakien des Affaires étrangères, à Washington et de M. James Baker, secrétaire d’État des États-Unis, en Irak.
13 décembre 1990 : M. Chevardnadze, chef de la diplomatie soviétique, se rend à Ankara (Turquie).
15 décembre 1990 : à Rome, le Conseil européen affirme que le retrait total du Koweït par l’Irak doit être effectif avant le 15 janvier 1991.
17 décembre 1990 : le gouvernement de Bagdad fait savoir qu’il ne se laissera pas imposer par Washington les dates d’éventuels pourparlers. Au Caire, le président algérien Chadli Bendjedid considère qu’il n’existe pas de liens objectifs entre la crise du Golfe et le conflit israélo-arabe. À Bruxelles, au Conseil de l’Atlantique Nord, M. James Baker avoue craindre que l’Irak n’annonce un retrait partiel du Koweït juste avant l’échéance fixée par les Nations unies.
18 décembre 1990 : à la télévision turque, M. Saddam Hussein exige une solution totale du problème palestinien avant toute négociation sur le Koweït. Les experts soviétiques sont autorisés à quitter l’Irak.
19 décembre 1990 : dans une conférence de presse, le président Mitterrand cerne les objectifs de la France dans le Golfe : oui à la libération du Koweït, « détruire la puissance militaire de l’Irak n’est pas un but de guerre ».
20 décembre 1990 : le Conseil de sécurité des Nations unies, après plusieurs renvois dus aux États-Unis, adopte à l’unanimité une résolution [n° 681] portant sur la protection des Palestiniens dans les territoires occupés et approuvant la convocation d’une conférence internationale sur le conflit israélo-arabe. Cette concession américaine à l’Irak est considérée en Israël comme un « traitement séparé et inégal ».
25 décembre 1990 : l’armée israélienne est mise en état d’alerte maximale. Saddam Hussein réitère sa volonté de lier la question du Golfe à la solution du conflit israélo-arabe. À Rome, le souverain pontife Jean-Paul II déclare que « la guerre est une aventure sans retour ».
27 décembre 1990 : les États-Unis demandent à la France de ne pas utiliser, en cas de conflit, ses Mirage F1 afin d’éviter toute confusion avec les appareils du même type dont dispose l’Irak.
29 décembre 1990 : redoutant une guerre bactériologique, Washington et Londres décident de faire vacciner leurs soldats déployés dans le Golfe. À Toulon, le général Schmitt, Chef d’état-major des armées, affirme que le corps expéditionnaire sera prêt avant le 15 janvier. ♦