Les relations internationales depuis 1945
À la fin de cette année 1990, alors que le paysage international est chaque jour un peu plus bouleversé de fond en comble, voilà un livre qui nous arrive fort à propos, puisqu’il nous présente, sous une forme ramassée, mais de façon très complète et parfaitement répertoriée, l’histoire des relations internationales depuis 1945. Son auteur, le professeur Maurice Vaïsse, est un expert reconnu de l’histoire contemporaine, en particulier dans ses aspects diplomatiques et militaires. Il a notamment publié dans la prestigieuse collection « Politique étrangère de la France », dirigée par Jean-Baptiste Duroselle son maître, un livre intitulé : Diplomatie et outil militaire qui fut très remarqué, ce dont nous avions eu l’honneur de rendre compte dans cette revue. Ajoutons que Maurice Vaïsse est le secrétaire général du Groupe d’étude français d’histoire de l’armement nucléaire (Grefhan), que préside également le professeur Jean-Baptiste Duroselle, lequel opère au sein d’un organisme international de recherche sur le même sujet, le « Nuclear History Program », ce qui témoigne de l’étendue des compétences et de l’audience de notre auteur.
Cette histoire des relations internationales depuis 1945 jusqu’à nos jours qu’il nous présente aujourd’hui, est publiée dans une collection qui se propose d’offrir des synthèses portant sur l’essentiel dans tous les domaines de la connaissance contemporaine. Dans son avant-propos, Maurice Vaïsse nous prévient que pour traiter en quelque 150 pages un sujet de cette ampleur, il a dû donner la priorité à ses aspects politiques, c’est-à-dire à l’histoire telle qu’elle s’est déroulée au niveau des États et des organisations gouvernementales. Il nous explique aussi que, pour la clarté de son exposé, il l’a ordonné par périodes chronologiques correspondant à des thèmes dominants, et dont les limites peuvent par suite être discutées. Les thèmes qu’il a ainsi choisis sont les suivants : « Naissance et confrontation d’un monde bipolaire » ; « La coexistence pacifique » ; « La détente » ; « La nouvelle guerre froide » ; « La nouvelle détente ». Il nous prévient enfin que les césures qu’il a adoptées de la sorte, ne valent pas pour le monde entier puisque « avec l’entrée des mondes extra-européens dans les relations internationales, qui étaient jusqu’alors le privilège des nations européennes, la logique des cycles varie de l’un à l’autre ». Et Maurice Vaïsse souligne alors que c’est cela qui fait la spécificité de la période considérée dans son ouvrage.
Son exposé de l’histoire des relations internationales entre 1945 et 1990 nous est ensuite présenté de façon très dense, mais en même temps très claire, assorti qu’il est de nombreux sous-titres aux libellés accrocheurs et dont la typographie a été habilement choisie pour exprimer leurs hiérarchies respectives. Ajoutons que des cartes bien renseignées et des encadrés récapitulatifs, ainsi qu’une bibliographie parfaitement sélectionnée, enrichissent encore la considérable documentation ainsi réunie, dont la consultation est par ailleurs facilitée par une table des matières très détaillée et par deux index portant respectivement sur les noms propres et sur les pays cités. On aperçoit qu’est ainsi mis à notre disposition un ouvrage de référence particulièrement « opératoire », si l’on nous permet ce néologisme. Il ne peut donc être que des plus utiles à tous ceux qui veulent être des « spectateurs initiés d’un moment de la marche de l’histoire », pour employer la belle définition de l’amateur de géopolitique prospective, proposée par Pierre Gallois. En effet, comme l’a dit si bien un jour l’ambassadeur Gabriel Robin : « L’histoire est à l’homme d’État ce que la carte est au capitaine du navire : plus exacte est la connaissance qu’il en a, plus sûr est son pilotage ». ♦