Avril 1991 - n° 519

Au moment où disparaît, quel qu’il soit, l’un d’entre nous, l’occasion s’offre presque toujours, pour ceux qui restent, de découvrir telle ou telle part de sa vie ou de sa personnalité à laquelle on n’avait pas pris garde jusque-là. Plus que pour quiconque, c’est le cas pour Jean Autin, membre de notre conseil d’administration, qui a succombé le 20 février dernier. Lire la suite

  p. 9-10

Face à la guerre du Koweït, l’expert ne saurait qu’être invité à la modestie. Nul, aujourd’hui, ne peut prévoir exactement ses conséquences. Lire les premières lignes

  p. 11-18

Défense et alliances en Europe

  p. 19-27
  p. 29-39
  p. 41-52
  p. 53-66
  p. 67-81

Repères - Opinions - Débats

À l'issue d'une carrière riche et variée, l'auteur nous fait part de ses réflexions sur l'armée telle qu'il en voit l'organisation et les moyens pour faire face aux nouvelles situations se présentant en cette fin du XXe siècle. Il nous semble, qu'en l'occurrence, il serait particulièrement judicieux d'approfondir ce volet de la « dissuasion populaire », celle-ci risquant toujours de susciter les plus grandes réserves. En outre, le service militaire doit effectivement faire l'objet de nouvelles études car on peut se demander s'il n'a pas été définitivement mis à mal par les mesures prises à l'occasion de la guerre du Golfe.

  p. 83-98

Les bouleversements survenus dans les pays de l'Est conduisent à s'interroger sur l'évolution de la menace militaire qui a, jusqu'à ce jour, pesé sur l'Europe. Corrélativement, les choix stratégiques de la France dans cette zone font l'objet d'un nouvel examen. L'auteur montre que la dissuasion reste nécessaire et que notre concept d'ultime avertissement procède de celle-ci et non de la bataille.

  p. 99-107

Les auteurs travaillent au sein du Groupe d'études et de réflexion sur la stratégie soviétique, qui effectue des études et recherches à partir de sources soviétiques de diffusion ouverte. Les informations que nous apporte ce texte sont particulièrement intéressantes : elles nous fournissent des éléments que nous ignorions ou dont nous n'avions pas une claire perception.

  p. 109-120

En décembre 1990, le Parlement algérien a adopté, à une forte majorité, un texte de loi sur la « généralisation de la langue arabe ». Dans un an et demi, l’administration locale devra être intégralement arabisée ; l'université de même avant 1997. Sans s'arrêter aux objectifs politiques immédiats d'une telle mesure, l'auteur, fidèle de la revue, a choisi de commenter cette décision dans ses implications nationales et internationales, ce qui le conduit à évoquer un cadre francophone que l'Algérie semble décidée à quitter.

  p. 121-132

L'auteur, spécialiste de l’Amérique latine, a récemment effectué un voyage en Colombie où il a été reçu par nombre de hautes personnalités. Il en profite pour nous livrer un bilan de la situation de ce pays fort sympathique mais qui connaît bien des difficultés, ainsi qu’un pronostic prudent pour son avenir. Lire les premières lignes

  p. 133-142

En mai 1990, l'auteur, consultant au centre d'analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères, avait fait une excellente synthèse de la situation au Cambodge. Passionné du Sud-Est asiatique, il nous expose aujourd'hui l'ensemble des aspects maritimes de cette zone où les intérêts des différents États divergent souvent. Il nous apporte une actualisation d'articles parus précédemment dans notre revue, en particulier de l'amiral Labrousse et du professeur VigariéLire les premières lignes

  p. 143-157

Chroniques

La fin des idéologies ouvrait la voie à un retour de la politique ; c’est au retour de la guerre que nous assistons. Les juristes ne manqueront certainement pas d’étudier la manière dont a fonctionné le Conseil de sécurité de l’ONU en la circonstance. La Charte impose aux pays d’avoir recours, en cas de crise, aux modes de règlement pacifique (art. 2, § 3), or l’offensive a été déclenchée sans que le Conseil de sécurité ait eu le temps d’amender le plan de compromis élaboré par Moscou. Ne voulait-on pas accorder à M. Gorbatchev un succès diplomatique ou bien avait-on la certitude que Bagdad ne cherchait qu’à laisser courir les délais au-delà desquels l’intervention militaire devenait plus périlleuse pour les membres de la coalition ? Lire les premières lignes

  p. 159-162
  p. 163-170

Durant la Grande Guerre, Albert Thibaudet fit « campagne avec Thucydide » dont le propre, contrairement plus tard à Jules César, était de ne se livrer à aucun commentaire. La lecture quotidienne des journaux nous incline à penser que nos confrères suivent plutôt la voie de l’historien latin et non celle de son illustre devancier. Faute d’avoir pu « vaincre la guerre », on ne se fait pas faute de la commenter à profusion. La tâche du chroniqueur ne s’en trouve guère facilitée. Lire les premières lignes

  p. 171-174

L’aéronautique navale soviétique connaît actuellement une évolution qui lui donne une importance croissante dans la défense de l’URSS, et qui résulte de la conjonction de deux événements, ce qui accroît l’intérêt que l’on peut accorder à cette composante de la flotte soviétique. Lire la suite

  p. 175-177

Intitulé initialement « Vers l’armée de métier ? », le colloque de la Fondation pour les études de défense nationale (FEDN), qui s’est tenu à Paris du 12 au 14 février1991, avait opportunément été débaptisé en liant les deux systèmes de recrutement par la conjonction « et ». Conscription et armée de métier ont ainsi été mises sur le même plan, et le débat pour une alternative n’a pas eu lieu, faute de défenseur convaincu de l’armée de métier. Lire les premières lignes

  p. 178-181

L’Armée de terre réunit chaque année une centaine de présidents des sous-officiers afin de leur présenter les études en cours à l’État-major de l’Armée de terre (EMAT). Lire la suite

  p. 182-184

Les observateurs de la guerre du Proche-Orient n’ont pas manqué de souligner l’ampleur des moyens logistiques déployés par les forces de la coalition. Le moral des hommes et la disponibilité du matériel conditionnent en effet la conduite des opérations et reposent sur la capacité des échelons de soutien à anticiper l’expression des besoins. Cette préoccupation est une priorité naturelle pour la Marine, qui est amenée à projeter ses forces sur des théâtres variés et souvent lointains. Le Commissariat de la Marine a vocation à conduire l’effort logistique au profit des unités, dans les domaines relevant de ses attributions. Cette mission opérationnelle nécessite une organisation souple, dont l’adaptation permanente est mise en relief par les évolutions actuelles du service. Lire les premières lignes

  p. 185-188

À la fin de l’année 1914, quelques mois après le début de la Première Guerre mondiale, il n’y avait pas encore de véritables avions de chasse et aucun as ne s’était singularisé. Cependant, on avait pu se rendre compte des nombreuses possibilités qui s’ouvraient à l’aviation et un événement survenu le 5 octobre laissa entrevoir ce que serait le combat aérien de l’avenir. Lire les premières lignes

  p. 189-192
  p. 193-200

• Chronologie des événements dans le Golfe (suite) : Lire la suite

  p. 201-202

Bibliographie

Maurice Vaïsse : Les relations internationales depuis 1945  ; Éditions Armand Colin, 1990 ; 149 pages - Marcel Duval

À la fin de cette année 1990, alors que le paysage international est chaque jour un peu plus bouleversé de fond en comble, voilà un livre qui nous arrive fort à propos, puisqu’il nous présente, sous une forme ramassée, mais de façon très complète et parfaitement répertoriée, l’histoire des relations internationales depuis 1945. Son auteur, le professeur Maurice Vaïsse, est un expert reconnu de l’histoire contemporaine, en particulier dans ses aspects diplomatiques et militaires. Il a notamment publié dans la prestigieuse collection « Politique étrangère de la France », dirigée par Jean-Baptiste Duroselle son maître, un livre intitulé : Diplomatie et outil militaire qui fut très remarqué, ce dont nous avions eu l’honneur de rendre compte dans cette revue. Ajoutons que Maurice Vaïsse est le secrétaire général du Groupe d’étude français d’histoire de l’armement nucléaire (Grefhan), que préside également le professeur Jean-Baptiste Duroselle, lequel opère au sein d’un organisme international de recherche sur le même sujet, le « Nuclear History Program », ce qui témoigne de l’étendue des compétences et de l’audience de notre auteur. Lire la suite

  p. 203-203

Jane M.O Sharp (dir.) : Europe after an American Withdrawal. Economic and Military Issues  ; Stockholm International Peace Research Institute, Oxford University Press, 1990 ; 501 pages - Jean Klein

Ce livre procède d’une recherche entreprise en 1987 sous l’égide du SIPRI afin d’examiner les problèmes politiques, économiques et stratégiques que soulèverait le retrait partiel ou total des troupes américaines stationnées en Europe. Une vingtaine d’experts originaires de pays directement concernés par un désengagement américain ont participé à cette entreprise dont le maître d’œuvre fut Jane Sharp, une politologue britannique qui s’est signalée dans le passé par plusieurs études sur la maîtrise des armements et la sécurité européenne. Dans la mesure où celle-ci est tributaire de la garantie offerte par les États-Unis dans le cadre de l’Alliance atlantique, il était légitime de s’interroger sur les conséquences prévisibles d’un allégement de leur dispositif militaire déployé sur notre continent et de se livrer à des spéculations sur la configuration d’un nouvel ordre de sécurité en Europe. Lire la suite

  p. 204-205

Henry Noullet : Les trois cavaliers de Langson  ; Presses de la Cité, 1990 ; 334 pages - Pierre Morisot

Par l’effet d’un curieux tropisme alors que les boat people fuient en masse le Vietnam, Henry Noullet sans cesse y revient. Son dernier roman permet de retrouver sa plume légère, ses formules cursives et son sens de la description cocasse correspondant bien au climat de cette campagne d’Indochine « qui mêlait si intimement le burlesque et le tragique ». Les trouvailles abondent, depuis les « camionnettes britanniques, haut perchées et camuses comme des bouledogues » jusqu’aux « créatures dorées et pneumatiques sirotant des punchs incendiaires ». Et le lecteur de plonger dans la guerre des capitaines, fragiles seigneurs des rizières et des « calcaires ». Lire la suite

  p. 206-206

Michel Heller : Le 7e secrétaire. Splendeur et misère de Mikhaïl Gorbatchev  ; Éditions Olivier Orban, 1990 ; 430 pages - Eugène Berg

L’ouvrage de Michel Heller a été achevé durant l’été 1990, mais rédigé pour l’essentiel entre la fin 1989 et la première moitié de 1990. Ces précisions chronologiques me paraissent importantes. On ne sait pas encore si on distinguera dans la carrière de Mikhaël Gorbatchev l’avant et l’après 12 janvier 1991 (Vilnius). En tout cas, bien des évolutions actuelles et futures de sa conduite sont décrites, analysées et commentées dans le solide portrait politique que dresse Michel Heller du Prix Nobel de la paix. En historien, l’auteur prend du recul et replace le 7e secrétaire dans l’ensemble des soixante-dix ans d’histoire soviétique. Lire la suite

  p. 207-208

Gerd Ruge : Mikhaïl Gorbatchev  ; Éditions du Seuil, 1991 ; 347 pages - Eugène Berg

Le récit de Gerd Ruge, par deux fois correspondant de presse à Moscou et qui dirige depuis 1987 le studio de la première chaîne de télévision allemande à Moscou, est à l’opposé du pessimisme foncier de Michel Heller [cf. recension précédente : Le 7e secrétaire. Splendeur et misère de Mikhaïl Gorbatchev]. Il décrit plus en profondeur l’enfance, les études, les étapes de la carrière de Mikhaïl Gorbatchev, sans y joindre la profondeur de l’analyse historique. Ses conclusions aussi sont empreintes d’un optimisme foncier, que l’on en juge : « Il (Gorbatchev) est profondément convaincu de la nécessité de démocratiser la société soviétique, (aussi) il se refuse à imposer le changement par voie d’autorité » (page 328). « Il faut, poursuit Gerd Ruge, et Gorbatchev en a la conviction, accepter de ménager une période de transition contrôlée, permettant la mise en place de nouvelles structures » (page 329). Puisse-t-il être dans le vrai. ♦

  p. 208-208

Revue Défense Nationale - Avril 1991 - n° 519

Revue Défense Nationale - Avril 1991 - n° 519

Au moment où disparaît, quel qu’il soit, l’un d’entre nous, l’occasion s’offre presque toujours, pour ceux qui restent, de découvrir telle ou telle part de sa vie ou de sa personnalité à laquelle on n’avait pas pris garde jusque-là. Plus que pour quiconque, c’est le cas pour Jean Autin, membre de notre conseil d’administration, qui a succombé le 20 février dernier.

Un jour qu’il attendait dans mon bureau l’heure de la réunion de notre conseil, il se mit à évoquer au hasard de la conversation les sports d’équipe qu’il pratiquait quand il était étudiant : en entendant cet homme de petite taille et très mince en parler avec tant de passion et d’amusement à la fois, je me suis pris soudain à penser combien cet homme « couvert d’honneurs et de charges », suivant la formule consacrée, avait, en lui, de goût et d’intérêt insoupçonnés pour toutes les choses de la vie.

Sa carrière, du reste, en témoignait. Il avait d’abord subi l’attrait du grand large, en choisissant, parmi toutes les voies de la Fonction publique, la France d’outre-mer. De ce corps, qui recela tant de richesses humaines et tant de personnalités originales, il devait passer plus tard à l’Inspection des Finances. Mais, dans l’intervalle, il avait été suffisamment remarqué pour être nommé délégué général adjoint de l’Union syndicale des industries aéronautiques et spatiales. Et pourtant c’est à lui qu’on pense, en 1970, pour une mission de réorganisation des théâtres lyriques nationaux ; un choix qui ne serait surprenant que pour qui ignore sa passion discrète mais profonde pour la musique, qui l’anima toute sa vie et qui lui valut, voici dix ans, d’être président de l’École normale de musique de Paris : ce n’était peut-être pas la plus éclatante de ses fonctions, ce fut sans doute l’une de celles dont il eut les satisfactions les plus vraies.

Toutefois, un homme comme Jean Autin, qui épousait si étroitement son siècle, ne pouvait passer à côté de cet aspect si essentiel de notre époque que l’on appelle maintenant « la communication ». Il s’y consacra bientôt presque entièrement, dans tous ses aspects et à tous les niveaux : au conseil d’administration de l’ORTF, à la présidence de Télédiffusion de France – où il négocia avec succès l’installation par la France de réseaux de télévision en Arabie Saoudite –, à la Haute autorité de la communication audiovisuelle – où aux côtés de Mme Michèle Cotta, il contribua à l’élaboration du nouveau statut de l’audiovisuel dans la société française –, à la commission nationale de la communication et des libertés, à la présidence du bureau des vérifications de la publicité, à la présidence des Éditions Dargaud, premiers éditeurs de bandes dessinées en Europe... Il y a peu d’hommes qui aient eu, dans ce domaine, une aussi vaste expérience.

Comment put-il en même temps mener à bien une aussi authentique œuvre d’historien, dont on ne citera ici que son Foch pour sa rigueur historique et son Mérimée pour son charme ? Lui en parlant, je découvrais combien la clé d’une vie si riche était ainsi son ardeur au travail et la maîtrise attentive de son temps. Nous lui sommes d’autant plus reconnaissants d’en avoir consacré une part à notre revue, où son assiduité, son attention, sa sympathie pour l’équipe qui en assure la publication, témoignaient de son intérêt pour les problèmes internationaux et pour la défense du pays.

Le général Richard, mon prédécesseur, qui l’accueillit à notre conseil d’administration, et tous les membres de celui-ci se joignent à moi pour lui exprimer la gratitude que nous lui devons. ♦

Paul-Marie La Gorce (de)

Revue Défense Nationale - Avril 1991 - n° 519

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