La faillite d'un traité
Aristide Briand disait de l’histoire qu’elle est un vaste cimetière. « S’il est bon d’y aller, ajoutait-il, il ne faut pas s’y attarder », et ce sceptique, même après qu’il s’était mué en un mystique, n’exagérait certes pas le nombre ou la durée de ses visites au champ du repos. Au fond, il pensait, Gomme Paul-Louis Courier, que « cet enchaînement de sottises et d’atrocités qu’on appelle histoire ne mérite guère l’attention d’un homme sensé ».
Pourtant on aurait tort de méconnaître les leçons d’une époque toute récente qui n’est pas encore révolue : 1946 n’a pas le droit d’ignorer 1919. Sous le titre La faillite de la paix ? j’ai essayé, dans un gros volume qui clôt provisoirement la collection Peuples et Civilisations, dirigée par Louis Halphen et Philippe Sagnac, de retracer selon les règles de la méthode critique et avec un parti pris d’impartialité, l’évolution générale des années d’entre deux guerres, depuis l’armistice du 11 novembre 1918 jusqu’à la déclaration de guerre du 3 septembre 1939. Sur la base de ce travail d’ensemble, je voudrais essayer de montrer pourquoi le traité de Versailles a été un échec. Peut-être de cette expérience, — la faillite d’un traité — certaines conclusions se dégageront-elles qu’il y aurait intérêt à méditer dans la préparation de la nouvelle paix.
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