La Révolution palestinienne doit-elle constituer un gouvernement ? Figurer à la Conférence de Genève ? Former un État palestinien en Cisjordanie si les Israéliens s'en retirent ? Autant de questions sur lesquelles l'unanimité ne semble pas s'être faite au sein de l'Organisation.
La révolution palestinienne au seuil de 1974
« Cette dixième année de la Révolution palestinienne sera l’année de la souffrance ». Ainsi s’exprime M. Yasser Arafat, président de l’Organisation de Libération de la Palestine (O.L.P.) dans le message qu’il diffuse le 31 décembre 1973. Certes, comme il est de mise en pareille occasion, il exprime des espoirs, il appelle à la fidélité et aux sacrifices. Mais surtout il jette, sur la conjoncture, un regard sombre : « Durant ces années, plus d’un complot a été ourdi contre la Révolution, et ces complots n’ont pas cessé. On cherche aujourd’hui à voler vos victoires. On vise les armes que vous portez. On veut étouffer votre lutte, afin que notre peuple redevienne un peuple de réfugiés sans armes et sans personnalité, mendiant ses droits et sa cause » (1).
Peu de dirigeants politiques se seront sans doute, au seuil de 1974, exprimés avec autant d’amertume et de façon si pessimiste. De toute évidence il ne s’agit pas seulement, pour M. Yasser Arafat, de mettre les Révolutionnaires palestiniens en garde contre les manœuvres qui les menacent. Le message s’adresse, par-dessus leurs têtes, à ceux des gouvernants arabes que le président de l’O.L.P. soupçonne de desservir la Résistance et de la sacrifier à des intérêts particuliers ou mineurs.
Le texte vise assurément le roi Hussein et le gouvernement jordanien qui, malgré les décisions du Sommet arabe d’Alger, contestent encore à l’O.L.P. l’exclusivité de la représentation du peuple palestinien ; mais il comporte également un avertissement à l’égard d’autres dirigeants, et peut-être, en particulier, du président Anouar as Sadat qui, sous l’égide des États-Unis, s’est engagé dans la voie des négociations.
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